Vous vous rendez à la clinique vétérinaire parce que votre chien urine du sang , parce qu’il a un plaie sur la peau ou parce que votre chat tousse depuis quelques jours. Réflexe courant : vous pensez qu’il lui faut des antibiotiques.
Pourtant, votre vétérinaire vous recommande plutôt des tests pour confirmer l’origine du problème, ou encore une crème topique. Vous repensez à votre chatte de 1990. Elle avait eu le même problème et s’en était remise en quelques jours grâce à des antibiotiques, vous semble-t-il. Pourquoi ne pas simplement prescrire la « petite pilule magique » qui avait tout réglé ? La réponse est simple : la médecine moderne — vétérinaire et humaine — utilise les antibiotiques avec beaucoup plus de prudence. Et pour une bonne raison.
Les antibiotiques : des médicaments essentiels à protéger
Depuis leur découverte, les antibiotiques ont sauvé d’innombrables vies et transformé la médecine. Ils permettent de traiter des infections qui étaient auparavant mortelles, d’éviter les complications post-chirurgicales et d’améliorer la santé de nos animaux.
Mais leur efficacité est aujourd’hui menacée. De plus en plus de bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques. Certaines sont même devenues résistantes à plusieurs classes d’entre eux. Résultat : certaines infections qui se traitaient facilement il y a 20 ans peuvent aujourd’hui devenir beaucoup plus difficiles à guérir.
Une pratique vétérinaire qui a beaucoup évolué
Autrefois, on prescrivait souvent des antibiotiques par précaution, pour éviter qu’une infection n’apparaisse ou ne s’aggrave. L’intention était bonne : on voulait prévenir les complications. Mais avec le temps, la science a démontré que cette approche favorisait la résistance bactérienne.
Les vétérinaires comme les médecins sont aujourd’hui plus sélectifs. Ils savent que toutes les maladies ne nécessitent pas d’antibiotiques : plusieurs sont causées par des virus, des inflammations ou des irritations qui se traitent mieux avec des anti-inflammatoires, des soins locaux, une désinfection ou d’autres traitements.
Grâce aux progrès récents, il est aussi possible de soulager efficacement la douleur et l’inconfort des animaux sans recourir à des traitements inutiles.
On traite donc mieux, et plus justement.
Comment les bactéries deviennent-elles résistantes ?
Les bactéries se multiplient très rapidement. Lorsqu’elles se reproduisent, il arrive que l’une d’entre elles subisse une petite modification génétique qui la rend capable de résister à un antibiotique.
Tant qu’aucun antibiotique n’est présent, cette bactérie reste minoritaire. Mais dès qu’un traitement est administré, les bactéries sensibles meurent et les résistantes prennent la place et peuvent même transmettre cette capacité de résistance à d’autres bactéries.
C’est ainsi qu’avec le temps, des infections autrefois bénignes deviennent plus coriaces — un véritable défi pour la médecine vétérinaire moderne.
Pourquoi ne pas simplement donner un antibiotique plus fort ?
Il n’existe pas d’antibiotique plus fort universel : chaque molécule agit différemment selon le type de bactérie à combattre.
Les antibiotiques à large spectre peuvent être utiles en s’attaquant à plusieurs types de bactéries à la fois. Mais ils détruisent aussi les bonnes bactéries, comme celles du système digestif, créant des déséquilibres et favorisant la résistance.
D’autres antibiotiques sont réservés aux cas graves ou résistants. Les utiliser sans en avoir réellement besoin peut signifier brûler nos dernières options trop tôt.
C’est pourquoi votre vétérinaire choisit le bon antibiotique pour la bonne infection, souvent après un test ou une culture, ou opte pour un traitement local quand c’est suffisant.
Pourquoi tester avant de traiter ?
Une analyse d’urine, une culture ou un frottis permet au vétérinaire de confirmer la présence d’une infection bactérienne et de cibler le bon traitement.
Prescrire un antibiotique « au cas où » peut sembler rassurant, mais c’est souvent inutile, voire nuisible.
Certaines affections sont autolimitées : elles guérissent d’elles-mêmes avec des soins de soutien. D’autres sont causées par des virus, des allergies ou des inflammations, contre lesquels les antibiotiques sont inefficaces.
Et si l’état de mon animal empirait ?
Avant de vous laisser partir, votre vétérinaire vous
expliquera toujours quoi surveiller, quand revenir le voir et quand vous inquiéter.
Si la situation évolue mal, il réévaluera le diagnostic et ajustera le traitement.
L’objectif n’est pas de ne rien faire, mais de faire ce qu’il faut, au bon moment, pour favoriser la guérison tout en préservant l’efficacité des antibiotiques.
En résumé, limiter l’usage des antibiotiques ne veut pas dire laisser souffrir votre animal.
Cela signifie préserver leur efficacité pour les cas où ils sont vraiment nécessaires.
Chaque fois que votre vétérinaire teste avant de traiter, choisit un soin local plutôt qu’un antibiotique ou écourte une durée de traitement, il contribue à un objectif collectif et mondial : préserver l’efficacité des antibiotiques pour soigner les animaux — et les humains — de demain.
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