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Yeux rouges. Votre chien pourrait-il souffrir de pannus ?


Vous revenez de chez le vétérinaire avec Jack car vous aviez noté une rougeur dans ses yeux. Bien que ceux-ci ne semblaient pas couler ni lui causer d’inconfort, cela vous a inquiété et vous a convaincu de consulter. Le diagnostic est tombé, Jack souffre de pannus. 

 

Qu’est-ce que le pannus ? 

Également nommée « kératite superficielle chronique », cette maladie oculaire affecte la cornée (la couche transparente protectrice de l’œil) en causant de l’inflammation. Bien qu’elle touche généralement cette partie de l’œil, la troisième paupière (la membrane nictitante) et la conjonctive peuvent également être impliquées.

Le pannus est le plus souvent bilatéral (il touche les deux yeux) et se caractérise par la progression lente de vaisseaux sanguins, d’une opacification blanche ou grise puis d’une pigmentation secondaire, amenant une apparence surélevée, grise, de rosée à rouge ou même brune sur la cornée. L’affection oculaire commence généralement sur la portion externe de l’œil, puis se développe au centre. Selon la chronicité, ce tissu cicatriciel peut recouvrir toute la superficie de l’œil et perturber gravement la vision, conduisant à la cécité. 

Le pannus n’est toutefois pas douloureux, mais il peut être irréversible selon la sévérité observée au moment du diagnostic. 

 

Qui peut être affecté ? 

Bien que le berger allemand et le lévrier soient les races les plus communément affectées, cette maladie est aussi observée chez le berger australien, le tervuren belge, le berger belge, le collie, le rottweiler et le husky sibérien. Cependant, tous les chiens de grandes races peuvent être touchés. Plus fréquente chez l’animal d’âge moyen et vivant dans des zones ensoleillées, elle n’a pas été documentée chez l’espèce féline. 

Le pannus est une maladie auto-immune qui entraîne une réponse anormale du système immunitaire dans la protection de la cornée. En d’autres mots, le système immunitaire attaque et rejette la cornée plutôt que de l’aider à contrôler les agresseurs. Cette affection oculaire peut être génétique, héréditaire ou idiopathique (c’est-à-dire de cause inconnue). Un animal qui en souffre ne devrait donc pas se reproduire. 

 

Comment poser le diagnostic ? 

Le diagnostic se pose généralement avec l’histoire et l’apparence typique des lésions, surtout chez les races fréquemment atteintes. Toutefois, dans le doute, une cytologie (soit une prise d’échantillon sur les lésions) peut être réalisée afin de rechercher la présence de cellules anormales et spécifiques. Si une ulcération concomitante de la cornée est suspectée, le vétérinaire pourrait recommander un test de coloration à la fluorescéine afin de mettre celle-ci en évidence et prescrire un traitement. Un second test pourrait être utile pour éviter que cette maladie oculaire (surtout en début de condition) soit confondue avec une autre affectant aussi la production de larmes.  

 

Quels sont les traitements du pannus ? 

Le traitement consiste à mettre à long terme des gouttes à base de corticostéroïde, cyclosporine et/ou tacrolimus dans les yeux de l’animal afin de réduire la réponse de son système immunitaire sur la surface de l’œil. Tout arrêt de traitement entraîne une récidive rapide de la maladie. 

L’état de l’œil peut prendre plusieurs semaines ou même plusieurs mois avant de s’améliorer. Le chien doit être suivi régulièrement en début de traitement. 

Le soleil pouvant aggraver les symptômes, il est recommandé de limiter l’exposition de l’animal aux rayons UV et/ou de lui faire porter des lunettes de soleil spécialement conçues pour les chiens (ce que l’on appelle des « doggles »). Le chien souffrant de pannus doit également être suivi plus fréquemment durant l’été afin de s’assurer qu’il n’a pas besoin d’un ajustement de traitement durant cette période. 

Dans les cas sévères, une chirurgie visant à retirer les couches de la cornée affectées peut s’avérer nécessaire afin que l’animal recouvre la vision. 

Le chirurgien vétérinaire peut aussi proposer d’installer un implant libérant de la cyclosporine sous la conjonctive de l’œil si l’animal ne tolère pas bien le traitement oculaire. Cet implant devra toutefois être changé tous les 8 à 12 mois. L’expertise d’un ophtalmologiste est alors nécessaire. 

 

 

Si vous pensez que votre compagnon souffre de pannus, n’hésitez pas à consulter votre vétérinaire. Plus tôt il sera pris en charge, plus il aura de chance d’obtenir une bonne réponse au traitement. Une consultation avec un vétérinaire ophtalmologiste est également recommandée. 

Elle signe ce texte

Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.