Votre chien se traîne les fesses au sol. A priori, rien de grave. Mais s’il se lèche l’anus constamment et même, se met à saigner dans cette région, c’est qu’il a sans doute un problème plus embêtant avec ses sacs anaux. Voici trois phases à surveiller déclinées selon trois expressions populaires.
Ah ah ah! Votre chien fait le traîneau, il traîne son postérieur sur le sol menant à l’hilarité de ceux qui le regardent.
Yisssh… Votre poilu semble avoir mal au derrière, il cherche à se lécher l’anus et semble vraiment inconfortable… Vous pouvez même sentir une bosse dans cette région du corps. Vous téléphonez à la clinique pour obtenir un rendez-vous.
Oh mon Dieu! Votre chien saigne et vous constatez une grosse plaie proche de l’anus. Vous vous mettez à paniquer !
Phase 1 : Ah ah ah!
Vous avez sûrement déjà assisté, en direct dans votre demeure ou par l’entremise des réseaux sociaux, à ce phénomène cocasse : un chien s’assoit sur les fesses au sol, les membres arrière tendus, et se traîne avec la force de ses pattes avant. On dit alors qu’il fait du traîneau, une expression imagée qui illustre assez bien la situation. Lorsqu’un chien adopte ce comportement, c’est qu’il a un inconfort ou une démangeaison dans la région anale. Souvent les coupables sont les sacs anaux, communément appelés glandes anales.
Ces sacs anaux, au nombre de deux, sont des pochettes situées dans la musculature anale, juste sous la peau. Ils produisent en continu des sécrétions tout à fait normales malgré leur odeur fortement déplaisante. Lorsque l’animal fait une selle, sa musculature anale se contracte et un peu du contenu de ces sacs se déverse sur les selles.
Ce liquide, c’est le réseau contact ou le Tinder des animaux ! Il délivre de l’information pertinente notamment sur l’espèce, l’âge, le sexe et le statut reproducteur de l’animal. C’est un moyen de communication bien utile. Par exemple, lorsqu’un chien renifle les selles d’un autre ou tend son museau vers le derrière d’un compagnon, c’est cette information qu’il recherche.
Si votre chien fait du traîneau, cela signifie que la vidange naturelle, par contraction de la musculature, ne s’est pas bien réalisée. Cela se produit parfois lors de diarrhées. En appuyant son postérieur au sol, votre pitou cherche à se donner, non pas un coup de pied au derrière, mais un petit coup de pouce pour déclencher la vidange. Si celle-ci n’a pas lieu, on peut alors malheureusement progresser vers le deuxième stade plus préoccupant.
Phase 2 : yisssh…
Bien souvent, les chiens sont capables de réaliser eux-mêmes la vidange de leurs sacs anaux. Leur inconfort disparaît alors. Mais il arrive qu’ils ne parviennent pas à exercer suffisamment de pression pour que le liquide sorte. Souvenez-vous que la production de ce liquide se fait en continu alors que les sacs anaux continuent de se remplir et deviennent de plus en plus gonflés et inconfortables. Comme l’anus est juste à côté, c’est le terrain rêvé pour les bactéries qui aiment bien entrer dans le conduit et s’installer dans l’un des sacs anaux. Cette région du corps présentera alors tous les signes de l’inflammation : rougeur, douleur, enflure et chaleur. Votre animal aura besoin d’être examiné et devra éventuellement prendre une médication pour enrayer l’infection et l’inconfort. Le vétérinaire prescrira des antibiotiques et des anti-inflammatoires, pouvant être donnés oralement ou localement, par instillation dans le sac anal problématique.
Phase 3 : oh mon Dieu!
Catastrophe, rien ne va plus… Pendant le transport vers l’établissement vétérinaire, vous vous rendez compte que du sang (et du pus) souillent la couverture qui enveloppe votre chien. Vous osez regarder (ou pas !) et vous constatez qu’il y a une plaie, ronde ou linéaire, à côté de l’anus. C’est de là que provient tout ce sang. Rassurez-vous. La peau s’est amincie et ouverte sous les effets de l’infection, mais, bien qu’impressionnante, cette fistule est le premier pas vers la guérison. La plupart du temps, les animaux sont soulagés peu de temps après que la fistule s’est formée, car ils se sentent alors libérés de la pression qui causait la douleur. Si une fistule est présente, le chien a besoin d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires. La plaie doit également être désinfectée. Des traitements de laser thérapeutiques et d’hydrothérapie peuvent compléter le traitement et accélérer la guérison.
Et après ?
Plusieurs avenues sont possibles. L’événement peut ne plus jamais se reproduire. Mais peut aussi récidiver, une, voire plusieurs fois. Pour éviter ces rechutes, le vétérinaire vous recommandera de donner à votre poilu des suppléments nutritionnels spécifiques ainsi qu’une alimentation spécialisée. De plus, les technicien.nes en santé animale peuvent vidanger les sacs anaux au besoin, quand ces derniers ne sont pas enflammés ni infectés afin de prévenir le problème. Dans tous les cas, si votre animal fait du traîneau, et bien que ce soit un peu rigolo et surprenant, pensez à appeler votre vétérinaire avant qu’il soit trop tard…