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Une promenade qui aurait pu mal tourner!


Je marche souvent avec Coby, mon chien, ça me détend et ça lui fait du bien. Les promenades me permettent de réfléchir ou de régler certaines choses au téléphone, ou tout simplement de me vider la tête. Un matin, en passant sur une route que je connais bien, j’ai vu surgir un grand chien, dodu qui gambadait joyeusement. Il était libre et devait s’être échappé de son terrain qui n’était pas clôturé, pour se retrouver dans la rue. Coby, pourtant habituellement amical avec les autres chiens, a tout de suite, pour une raison que j’ignore, semblé ne pas l’aimer. Il faut dire que les animaux sont comme les humains : même les plus sociables ne s’entendent pas avec tout le monde. Pelage dressé, Coby grognait. Je le tenais fermement, l’autre chien l’invitant au jeu et bondissant avec beaucoup d’intensité près de lui. Pour ne rien arranger, un couple de marcheurs passait aussi par là avec un petit chien… qu’ils se sont empressés de prendre dans leurs bras ! 

Deux enfants sont ensuite apparus et se sont mis à courir après leur chien (que je nommerai ici Coco pour faciliter la compréhension de l’histoire) tout en l’appelant. Le monsieur-marcheur criait des conseils, les enfants couraient dans tous les sens, excitant davantage leur chien, tandis que leur gardienne, au téléphone, tentait de contacter ceux que je comprenais être les parents des enfants et propriétaire du chien. Coby s’énervait et je n’arrivais pas m’éloigner. Dès que je tentais d’avancer, Coby luttait pour être libre. Autour de nous, Coco courait et semblait être partout à la fois. Comme je craignais que Coby sorte de son harnais, je le tenais fermement par le collier. Ses muqueuses commençaient à être bleues, tellement il était énervé. Ce cauchemar m’a paru durer longtemps. 

 

Finalement, j’ai réussi à sortir des biscuits de la pochette que j’ai toujours à portée de main pour les présenter à Coby. Il n’avait pas la tête à ça. Par contre, Coco s’est laissé tenter et j’ai réussi à l’attraper par son collier étrangleur puisque c’était le seul qu’il portait. Tenant les deux chiens à bout de bras, j’ai demandé d’une voix essoufflée au plus grand des enfants de venir chercher son chien. La gardienne se confondait en excuses pendant que la petite fille se demandait si j’étais fâchée et que le garçon se félicitait d’avoir rattrapé son chien. 



Quelques conseils pour gérer ce type de situation

J’étais fâchée. Et pour cause. Je sais qu’un chien peut s’échapper. Ça m’est déjà arrivé. Malgré la clôture, l’astucieux Coby avait creusé un trou pour aller faire trempette dans la piscine d’à côté et jouer avec le chien d’un voisin. Heureusement, notre voisinage est compréhensif ! Coby est d’ailleurs allé ensuite demander pardon en offrant des chocolats aux voisins. Mais pour en revenir à nos moutons, ce qui m’a fâchée dans l’histoire de Coco, c’est que la situation aurait pu être tellement plus simple si les réactions de chacun avaient été plus appropriées.

 

01

Ne pas crier et rester calme

Premièrement, courir après un chien en criant ne fait qu’empirer la situation. Le chien, pensant que c’est un jeu, risque en effet de s’agiter, ou bien pire, craindre de se faire gronder et se sauver. Il est toujours préférable de l’attirer avec une gâterie alléchante. Et surtout, il faut rester calme.

02

Éloigner les enfants 

Si Coby m’avait échappé, il aurait pu se battre avec Coco. La fillette (qui devait avoir environ cinq ans) aurait pu être blessée. Tout cela augmentait mon stress. En tant que médecin vétérinaire, j’ai recousu beaucoup de plaies dues à des morsures et je sais qu’une bataille de chiens peut faire bien des dommages. Même un très bon toutou peut blesser un enfant dans le brouhaha du moment, ne sachant plus trop où donner de la dent ou simplement en bousculant quelqu’un. Il faut donc essayer le plus possible d’éloigner les enfants lors de telles situations.

03

Se concentrer sur le moment présent 

Offrez votre aide, tentez d’attirer l’animal fugueur, mais de grâce, ne montez pas le ton. Cela ne fera qu’ajouter à la pagaille. Les reproches des passants du genre « vous auriez dû l’attacher » ou « pourquoi n’avez-vous pas de clôture ? » peuvent aussi attendre.

04

Bannir les colliers étrangleurs 

Aussi, les colliers étrangleurs ne devraient plus exister. Lorsque j’ai saisi Coco par le collier ou quand son jeune maitre l’a repris, Coco aurait pu lavoir la trachée blessée sans qu’on le veuille.  Par contre, un collier bien ajusté et confortable est toujours de mise lorsqu’on confie son animal à quelqu’un.

 

Voici le comportement idéal qui aurait dû être adopté par chacune des personnes présentes :

 

  • Le couple de marcheurs prend son chien et continue de marcher doucement pour s’éloigner ou s’immobilise en silence. Le but : ne pas exciter les chiens et les gens autour. 
  • La fillette s’éloigne de plusieurs mètres. Elle est ainsi protégée si les chiens se bagarrent et ne peut être bousculée. 
  • Le grand garçon va chercher la laisse de Coco ainsi que ses biscuits préférés (ou sa balle ou des jouets) : Coco comprend ainsi qu’être appelé est positif.  
  • Je me concentre sur Coby pour le garder le plus calme possible.   
  • Le garçon et sa gardienne attirent Coco qui ne cesse de s’agiter à quelques mètres de Coby. Ils lui mettent la laisse et repartent avec lui en le récompensant d’être revenu. Si une telle situation se reproduit, Coco associera ainsi sa sécurité au plaisir de revenir vers sa famille. 
  • Le chien est ramené sur son terrain (idéalement dans la maison). 

La gardienne me demande si tout va bien. Je réponds que oui et on en est quitte pour une bonne frousse.  

Pour conclure, je vous rappelle aussi qu’il est toujours bon de pratiquer les rappels avec votre chien. Et dès que vous le pouvez, impliquez vos enfants. Je suis sûre que Coco est un bon chien. Mais la situation a dégénéré et aurait pu être dangereuse. Coby est rentré à la maison tout énervé et haletant. Désormais, je sais que je serai sur mes gardes lorsque j’emprunterai ce chemin ! 

Elle signe ce texte

Fondatrice du magazine web Flair & Cie, Dre Lucie Hénault est médecin vétérinaire et propriétaire avec 7 associées, de 8 établissements vétérinaires dans la grande région de Montréal. Dre Hénault est gestionnaire de l’Hôpital vétérinaire de Montréal, à Westmount.