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Lettre aux futurs vétérinaires qui ont passé le NAVLE

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C’est le moment de l’année où les jeunes vétérinaires finissants annoncent fièrement sur les réseaux sociaux qu’ils ont réussi l’examen leur permettant de devenir vétérinaires, le NAVLE. Les fils d’actualité regorgent d’élèves en sarrau et stéthoscope, souvent accompagnés de leurs animaux de compagnie. Les voilà enfin prêts à réaliser leur rêve. Bravo à eux !

Mais ici, c’est aux autres étudiants que j’aimerais m’adresser, à ceux qui ont vécu la déception ultime de ne pas réussir leur examen du premier coup. Je sais que cela semble être la fin du monde, mais sachez que vous êtes tout de même formidables.

 

Qu’est-ce que le NAVLE ?

Le North American Veterinary Licensing Exam est un examen composé de 360 questions à choix multiple.  Pour réussir l’examen et obtenir le permis permettant d’exercer la médecine vétérinaire au Canada et aux États-Unis, l’étudiant doit obtenir une note de passage. L’examen dure sept heures et demie (oui, un véritable marathon !) et se compose de six blocs de 65 questions. Tout candidat a droit à 45 minutes de pause entre ces blocs. Deux périodes dans l’année permettent aux étudiants de passer leur examen : de début novembre à mi-décembre, et au mois d’avril.

 

Pourquoi le NAVLE est-il si difficile ?

Le NAVLE porte sur tout ce qu’un étudiant en médecine vétérinaire a appris au cours de ses études. Il se concentre principalement sur les cas cliniques et les diagnostics. Que l’objectif soit de devenir vétérinaire pour petits animaux, praticien en médecine bovine, ou vétérinaire pour animaux de laboratoire, il faut étudier et en savoir un maximum sur toutes les espèces. C’est beaucoup d’informations, je vous le dis !

La plupart des étudiants passent leur NAVLE durant les mois de novembre et décembre de leur dernière année d’études, leur année clinique. Le hic, c’est que celle-ci est l’une des plus exigeantes, car ils doivent effectuer des stages avec de vrais patients dans chaque domaine de la médecine vétérinaire. Ils peuvent être de garde la nuit et les fins de semaine et sont responsables des traitements fournis aux patients hospitalisés le matin ou tard en soirée. Ils doivent aussi se préparer aux rondes, élaborer des plans de traitement en se documentant sur les cas dont ils s’occupent et préparer des présentations pour leurs collègues de stage sur lesquelles ils seront évalués. En parallèle à ce travail, les élèves doivent continuer à étudier pour l’examen le plus important de leur vie. Ils sont stressés et épuisés. S’ils sont chanceux, ils pourront effectuer leur stage le moins difficile juste avant le NAVLE, ce qui leur permettra de se reposer un peu avant le grand jour.

Car c’est effectivement un très grand jour. L’examen commence tôt et a lieu dans un centre d’examen. Chaque étudiant doit être prêt pour un marathon mental de sept heures et demie. Inutile de dire que, peu importe le repos qu’ils ont essayé d’accumuler (souvent en vain en raison du stress), la journée sera épuisante et la concentration mentale sera dure à conserver jusqu’à la fin.

 

Au fil des ans, nos connaissances sur les différents types d’apprentissage et de stratégies d’évaluation scolaire ont quand même évolué. Cependant, le NAVLE nécessite encore et surtout de l’apprentissage par répétition, du par cœur qui convient à certains élèves, mais pas à d’autres. 

Mieux vaut que l’étudiant n’ait pas à ce moment-là de problèmes personnels ni de soucis financiers, ou pire, un problème de santé mentale ou physique. Car le défi sera encore plus grand.  

Ne vous méprenez pas, je ne dis pas que les vétérinaires ne devraient pas répondre aux normes requises pour réussir le NAVLE. Cependant, cet examen demeure fondamentalement extrêmement difficile.

 

Tout ira bien !

Au cours de la première période d’examen, certains étudiants ne réussiront pas le NAVLE. Ils verront passer sur les réseaux sociaux les messages de ceux qui l’ont réussi, féliciteront leurs collègues de classe et participeront peut-être même à un party. Même si pour eux la déception sera immense, ils feront de leur mieux pour ne pas trop le montrer.

Alors je veux vous le dire à vous, mes futurs collègues qui n’avaient pas réussi cette fois-ci : ne soyez pas trop durs envers vous-mêmes. Vous avez été acceptés dans l’un des programmes universitaires les plus difficiles au monde, et vous êtes arrivés à votre cinquième année d’études du programme. Vous êtes intelligents, travailleurs et vous avez déjà accompli de grandes choses dans votre jeune vie. Armez-vous de patience ! Vous repasserez l’examen bientôt. Vous réussirez, et vous deviendrez des vétérinaires exceptionnels. Échouer au NAVLE ne reflète pas votre capacité à soigner les animaux ni à guider leurs propriétaires à travers des décisions difficiles. De plus, en tant qu’employeur, je peux vous affirmer que ne pas réussir cet examen du premier coup n’affecte pas votre chance d’être embauchés dans un établissement vétérinaire.

Le NAVLE n’est qu’une petite étape dans votre carrière. Alors, ne lâchez pas ! Bientôt, vous passerez à la prochaine étape de votre vie. Courage !

Elle signe ce texte

Dre Stéphanie Surveyer est médecin vétérinaire et propriétaire avec 7 associées, de 8 établissements vétérinaires dans la grande région de Montréal. Dre Surveyer est gestionnaire de la Clinique vétérinaire Lac St-Louis.