Quand j’ai adopté Maurice, mon défunt chat, à l’âge de quatre ans et demi, il pesait près de 25 livres. Certes, c’était un très grand chat, mais il avait définitivement un énorme surplus de poids. Je peux le dire, mon Momo était obèse morbide. Un défi de taille nous attendait, mais il n’était pas impossible. Pour sa santé globale, Momo devait perdre du poids.
Le cas de Momo est loin d’être isolé. De récentes études révèlent en effet que près de 60 % des chats et des chiens nord-américains sont en surpoids. Leur espérance de vie serait écourtée de deux ans sans aucune action entreprise pour leur faire perdre les livres en trop. Le sujet mérite donc réflexion.
Les effets de l’obésité
En plus de diminuer la longévité, le surpoids augmente le risque de développer certaines conditions ou maladies. En voici une liste non exhaustive :
- Augmentation des risques anesthésiques
- Augmentation des signes cliniques reliés à des conditions respiratoires préexistantes
- Cancers
- Difficultés urinaires
- Diabète
- Diminution de l’immunité
- Dysfonctionnement du système digestif
- Maladies cardio-vasculaires
- Troubles cutanés
- Troubles de locomotions
- Troubles endocriniens
Existe-t-il des facteurs prédisposant à l’obésité ?
Chez le chat, le mâle serait plus enclin à l’excès de poids que la femelle contrairement à l’espèce canine où l’on observe l’inverse. Bien que la stérilisation contribue légèrement au surpoids en diminuant le métabolisme de base, elle ne joue qu’un petit rôle. Bien entendu, le manque d’activité physique et la sédentarité augmentent fortement cette prédisposition.
Comment calculer les portions ?
Malheureusement, il n’y a pas de « calories universelles » pour tous les animaux. Comme chez l’humain, plusieurs facteurs (espèce, sexe, âge, activité physique, présence de maladie concomitante, etc.) influencent le nombre de calories dont un animal a besoin chaque jour. Ce chiffre varie donc grandement d’un animal à l’autre.
Aucune formule magique n’existe. Cependant, les besoins énergétiques de base (BEB) d’un animal peuvent se calculer avec cette équation : (30 X poids en kg) + 70 = BEB (kcal). À cela, on multiplie un facteur X en fonction du surpoids, de l’activité physique, du stade de vie, etc. pour obtenir les besoins journaliers. Naturellement, la valeur obtenue doit être respectée, et ce, en incluant les gâteries quotidiennes qui ne devraient pas dépasser dix pour cent.
Sachez que les quantités inscrites sur les sacs de nourriture pour animaux sont souvent calculées en fonction d’un animal modérément à très actif et ayant un poids santé idéal. Cette quantité ne convient pas à tous les animaux. Le mieux est d’en discuter avec votre équipe vétérinaire. Celle-ci évaluera la condition physique et le score corporel de votre compagnon, puis calculera ses besoins caloriques quotidiens. Elle vous indiquera ensuite le meilleur programme à mettre en place, qu’il soit préventif ou axé sur la perte de poids. Un animal ayant une surcharge pondérale doit maigrir de façon sécuritaire. Une nourriture spécialisée est donc recommandée pour éviter tout débalancement alimentaire. La majorité des nourritures commerciales ne sont pas conçues à cet effet.
La règle du dix pour cent
Cette règle est un élément essentiel dans le nombre de calories totales qui peuvent être ingérées, que ce soit dans le cadre d’une perte de poids ou d’un régime préventif. Elle vise en effet à éviter un déséquilibre alimentaire. Les gâteries permises ne devraient donc jamais dépasser plus de dix pour cent des calories quotidiennes. Pour ne pas dépasser ce pourcentage, le choix des gâteries est très important si vous souhaitez en offrir régulièrement.
Comment éviter que mon animal soit en surpoids ?
- Offrez-lui une nourriture d’excellente qualité en respectant le mode et le stade de vie de votre animal (croissance, adulte, senior…).
- N’offrez aucune autre source de nourriture que celle recommandée.
- Respectez les quantités calculées par votre équipe vétérinaire.
- Mesurez les quantités en gramme et non en tasse.
- Offrez plusieurs petits repas plutôt qu’un seul gros.
- Calculez le nombre de gâteries offertes par jour en respectant la règle du dix pour cent et optez pour des friandises faibles en calories.
- Jouez avec votre poilu et faites lui faire de l’exercice régulièrement.
- Nourrissez votre animal dans des bols interactifs.
- Faites régulièrement un suivi de poids avec les technicien.nes vétérinaires.
Même si la tâche paraît ardue au départ, faire perdre du poids à un animal n’est pas très difficile. Avec un peu de constance et l’aide de votre équipe vétérinaire, vous y arriverez. La preuve : mon Maurice a perdu dix livres et est devenu le félin le plus actif de la maison.
Elle signe ce texte
Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.
