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Au revoir Momo…


Maurice le chat avait 4 ans et demi quand il est entré dans ma vie. À cette époque, j’avais déjà l’habitude de recueillir des animaux qui avaient besoin d’une seconde chance. 

Mon aventure de « la seconde chance » a débuté avec Blanche, une adorable Golden de 9 ans que j’ai sauvée de l’euthanasie alors que je poursuivais mes études à la faculté de médecine vétérinaire. Blanche a vécu jusqu’à l’âge vénérable de 13 ans. Puis, il y a eu Ginger, petite jack Russell de 4 mois au tempérament explosif qui m’a aidé à traverser maintes épreuves. Ginger est décédée à 11 ans. Ensuite, il y a eu Belle, une femelle lévrier italien que j’ai recueillie alors quand elle avait 8 ans et que sa famille ne pouvait plus prendre soin d’elle. Belle a vécu jusqu’à 15 ans à mes côtés. Et Tedd, 10 ans, chat allergique qui souffre d’une maladie inflammatoire des intestins. Tedd est toujours à mes côtés.

Malgré que je recueille des animaux pour les aider et que je me dis « cette fois-ci, je ne m’attacherai pas », l’amour dont ils me couvrent fait que chaque fois que l’un d’eux me quitte, mon cœur éclate en mille morceaux. Je ne m’habitue pas aux deuils et aux départs. Et depuis que j’ai des enfants, on dirait que tout ça revêt une importance encore plus grande pour moi.

Momo

Et Maurice dans tout ça…

Lorsque j’ai vu « Momo » pour la première fois, mon cœur a littéralement fondu, malgré l’énorme défi qui m’attendait. Maurice le chat pesait plus de 25 lb, était clairement obèse et avait besoin d’aide. Après 12 mois d’efforts et des bouchons dans les oreilles pour supporter ses plaintes, cette adorable boule de poils noir et blanc avait perdu 10 livres !

Maurice et moi étions fusionnels. Chaque soir, nous reproduisions le même rituel. Maurice grimpait sur le sofa et se blottissait entre mes jambes pendant que je regardais mon téléroman préféré, une fois les enfants endormis. Et gare à moi si j’oubliais les caresses… Momo me ramenait à l’ordre ! Acrobate et chasseur, Maurice quémandait les jeux et les gâteries. Il accompagnait souvent mes enfants à l’extérieur et se couchait parfois même dans la rue (peu achalandée rassurez-vous) pour les regarder pédaler sur leurs vélos.

Un dernier Noël ?

Malheureusement, à l’automne 2020, à l’âge de 8.5 ans, Momo a été diagnostiqué d’un lymphome cutané atypique sur un de ses membres antérieurs. Mon adorable Momo, j’espérais tellement qu’il se rende jusqu’au Nouvel An… Mais malgré des traitements de chimiothérapie, le 23 décembre, j’ai dû prendre la très difficile décision de tout arrêter puisque sa qualité de vie n’était plus là. Des métastases avaient envahi sa peau au fil du temps et il boitait de plus en plus. Ne pouvant plus se déplacer ce matin-là, et malgré mon désir de passer un dernier Noël avec lui, j’ai choisi de faire passer son bien-être avant le mien. Égoïstement, nous voudrions les garder avec nous le plus longtemps possible, parfois au détriment de leur qualité de vie.

La décision de faire euthanasier son animal n’est jamais facile et ça ne l’est pas plus quand on est vétérinaire. Nous sommes humains aussi… Le 23 décembre j’ai donc quitté la maison avec Momo, après avoir expliqué à mes enfants que Maurice avait besoin de repos. J’ai emmené Maurice au travail, pour lui offrir le dernier repos qu’il méritait tant.

Dre Véronique Miller

Le dernier adieu

Heureusement, à la clinique où je travaille, j’ai eu accès à une salle de deuil expressément conçue pour les familles qui doivent laisser partir leur compagnon. Cette salle aménagée comme un salon avec lumière tamisée et musique douce se prête parfaitement à ce dernier moment. De plus en plus de cliniques vétérinaires offrent ce type de salle qui permet que le dernier moment de l’animal avec son humain se passe dans un environnement calme et chaleureux. J’ai donc inversé les rôles ce jour-là, devenant la propriétaire endeuillée et non la vétérinaire de service. Et même si je n’étais pas prête à le laisser partir (l’est-on vraiment un jour ?), j’ai pu passer un dernier instant avec mon Momo, dans ce lieu sans stress et empreint de sérénité.

Une fois le décès de Momo confirmé, j’ai déposé son corps dans une housse mortuaire spécialement conçue (par une adorable vétérinaire entrepreneure du Québec !) pour les animaux. Et puis je lui ai dit un dernier aurevoir en glissant la fermeture éclair. Pour moi, ce simple geste me permettait de fermer la boucle et d’accepter un peu plus facilement son départ.

À mon retour à la maison, je me demandais comment mes enfants réagiraient en voyant mes yeux bouffis et mon regard triste. La force et la capacité de compréhension des enfants sont souvent plus grandes que ce que l’on pense. Du haut de ses 6 ans, ma belle Alice m’a simplement dit que Momo était maintenant au paradis des chats et qu’il pourrait enfin chasser les souris comme il le voulait… et surtout les manger ! Un sourire a malgré tout illuminé mon visage.

Naturellement, le deuil animalier se vit de façon différente pour chacun de nous. Aucune façon n’est meilleure, aucune durée n’est pas bonne non plus. Il suffit d’écouter son cœur et de se laisser guider par ce dernier. C’est le seul conseil que je puisse vous donner en tant qu’humaine. La vétérinaire en moi elle, vous encourage toutefois à accompagner votre compagnon à son dernier repos et à choisir un endroit où vous pourrez prendre votre temps, le moment venu, que ce soit en clinique ou à domicile.

Elle signe ce texte

Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.

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