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5 mythes tenaces sur les allergies chez nos animaux.


Milou se réveille de plus en plus souvent la nuit pour se gratter. Le pauvre Félix lui, perd encore du poil sur la tête et se frotte constamment sur le canapé. En plus d’incommoder grandement l’animal, les démangeaisons sont une source constante d’inquiétude pour leurs humains. Mais saviez-vous que les allergies représentent également un défi diagnostic pour votre équipe vétérinaire?

En effet, les symptômes n’étant pas spécifiques à un allergène en particulier, votre équipe vétérinaire doit procéder par étape et rechercher en fonction du contexte clinique (prédisposition raciale et familiale, examen physique, présentation, historique antérieur, milieu de vie…). Aussi, en conversation avec la famille bien intentionnée de l’animal, votre vétérinaire fera souvent face à un de ces 5 mythes, qui ont la couenne dure.

01. Mon animal n’a pas d’allergie. Il est trop vieux et a toujours ingéré la même nourriture!

Faux. Il n’y a pas d’âge pour développer une allergie. Dans le cas de l’allergène alimentaire, l’apparition des symptômes varie de quelques mois d’âge à 13 ans (avec une moyenne autour de 3 ans). Bien que vous ayez toujours servi la même alimentation dans la gamelle de Max, une allergie peut se développer avec n’importe lequel des aliments dans sa diète. Pensez à tante Lorraine, qui a subitement développé une allergie aux crustacés!

Les allergies environnementales ou l’animal souffrant de dermatite atopique, quant à elles, se manifestent en général avant l’âge de 3 ans, mais une présentation pour une atopie reste quand même possible à tout âge.

02. Mon animal est sûrement allergique aux grains ou encore, au poulet.

Pas tout à fait. Une fausse croyance populaire veut que les animaux soient souvent, et largement allergiques aux céréales/grains. Cette conviction est en grande partie due à la tendance alimentaire des diètes « à faible teneur en glucides ou sans gluten » chez les humains. Bien qu’un certain pourcentage des humains souffre de la maladie cœliaque (allergie au gluten), cette allergie est extrêmement rare chez le chien et a été rapportée dans la littérature scientifique vétérinaire, seulement chez certains setter irlandais.

De plus, les études démontrent que les réactions alimentaires indésirables chez les animaux seraient beaucoup plus souvent liées aux protéines qu’aux céréales. Le bœuf serait la source d’allergie la plus fréquente chez le chien et le chat. Suivi par les produits laitiers et le poisson (chez le chat). Le maïs ne serait responsable que de seulement 2.5% des cas pour l’espèce canine et 7% pour les félins. Le poulet se retrouvant également dans moins de 25% des cas d’allergie avec le soya et l’agneau.

Une alimentation sans céréales n’offre donc aucun avantage et peut même être nocive dans certains cas. La FDA (Food and Drug Administration) a récemment publié une mise en garde d’un lien possible entre la cardiomyopathie dilatée et certains régimes « sans céréales ». Même si nous ne savons pas encore avec certitude sur ce lien, une enquête est en cours. L’ajout de légumineuses en grande quantité en remplacement « aux grains » pourrait également jouer un rôle.

03. Mon animal ne se gratte pas, il n’a donc pas d’allergies.

Faux. Bien que les signes cutanés (démangeaisons, lésions, perte de poils, rougeur…) soient les plus courants des allergies alimentaires, des symptômes gastro-intestinaux (vomissements, diarrhée, ténesme, flatulences, borborygme, nombre accru de selles) peuvent être observés sans affecter la peau. De plus, un animal qui présente un historique d’otite à répétition, même sans gratouille entre les épisodes, pourrait également souffrir d’une composante allergique.

04. Tous les tests d’allergie sont fiables.

Pas tout à fait. Bien que les tests cutanés intradermiques pour diagnostiquer les allergènes environnementaux responsables de la dermatite atopique sont utilisés dans la confirmation de celle-ci, il n’existe malheureusement aucun test sérologique, intradermique ou salivaire fiable et suffisamment précis pour le diagnostic de l’allergie alimentaire. Les études ont conclu que ces derniers ne pouvaient pas différencier un chien allergique, un chien non allergique et un animal en peluche. Le test le plus concluant pour l’allergie alimentaire reste donc le régime d’éviction alimentaire strict durant 8-12 semaines, effectué avec une diète spécialisée recommandée par votre équipe vétérinaire.

05. Mon chien lèche ses pattes, il n’est pas allergique, il est anxieux.

Faux. Avec un bémol. Un animal qui se lèche ou qui se mordille les pattes, présente habituellement une affectation médicale et n’est pas seulement anxieux. Et ce, que ce soit une allergie alimentaire, saisonnière ou une atopie, une pododermatite à levure ou une douleur secondaire à une lésion articulaire, musculaire ou squelettique. Cependant, cet inconfort pourrait à un certain moment causer un stress supplémentaire à votre animal. Imaginez-vous aux prises avec une crise d’eczéma, vous grattant sans cesse? De quoi développer une certaine forme d’anxiété secondaire!

Il va sans dire que « Dr Google », votre voisin ou le commis de l’animalerie auront un conseil à vous donner pour contrer les allergies de votre animal. Mais puisque le diagnostic des allergies est un vrai défi médical et peut prendre du temps puisqu’une élimination minutieuse par étape est requise, votre équipe vétérinaire est la mieux placée pour vous aider, Milou et vous.

Elle signe ce texte

Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.

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