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Une session de brainstorming réussie


Tout le monde sait ce qu’est un brainstorming (remue-méninges en français) mais bien peu d’équipes les réussissent et en ressortent avec des concepts créatifs. En fait, la plupart des sessions de brainstorming sont écourtées car les idées sont jugées trop vites. C’est dommage puisqu’alors, des solutions innovantes risquent de ne pas être découvertes. Je vous livre ici un petit truc pour mieux réussir vos remue-méninges. Il faut compter quatre étapes différentes; Walt Disney allait jusqu’à exiger des gens qu’ils changent de pièces, en fonction de quatre phases distinctes du processus, afin de bien plonger les participants dans les ambiances appropriées.

Tout d’abord, il faut bien sélectionner les gens qui participeront. Généralement, le chiffre idéal se situe entre 5 et 10 personnes.

Le mieux est d’avoir un animateur externe. Si le gestionnaire joue le rôle de l’animateur, il ne peut exercer les deux fonctions en même temps, c’est-à-dire être à la fois un participant, apporter son grain de sel, et diriger la session pour s’assurer que les gens restent bien concentrés.

Le chef d’entreprise doit définir les attentes du brainstorming. L’animateur doit bien délimiter les règles de la séance: par exemple, ne jamais couper la parole, fonctionner par tour de table, s’assurer que chacun ait pu s’exprimer une fois avant qu’une autre personne intervienne, etc.

Puisque dans toute équipe il y a des individus qui verbalisent avec plus d’aisance, le présentateur peut demander aux gens d’écrire leurs idées d’abord, puis laisser le temps à chacun de lire ce qu’il a rédigé. Les personnes timides auront ainsi l’occasion de s’exprimer.

Idéalement, un écran permettra à chacune de lire les idées prises en notes au fur et à mesure. Une personne, préférablement non participative à la session de remue-méninges, aura pour tâche d’écrire toutes les idées et les classer par la suite.

Il est souvent utile de garder une trace de ce qui a été évoqué en brainstorming. Cela peut sentir de base lors d’une autre séance et renforce aussi l’importance qu’on accorde à ce procédé. Cependant, pour éviter la peur du jugement, une idée ne doit pas être attribuée à une personne en particulier. Je vous propose de réfléchir aux étapes d’une bonne session de remue-méninges en termes de différents chapeaux.

Le premier, c’est le chapeau d’artiste (étape 1). Walt Disney, pour qui ce stade de création était une priorité, s’assurait que son équipe soit dans une pièce agréable, éclairée et offrait tout le confort nécessaire (boissons, collations, etc.). Durant cette étape, il est interdit de porter des jugements. Toutes les idées doivent être notées, même les plus extravagantes et les plus improbables. Aucune limite ne doit exister dans la tête des participants: ni budget ni contraintes. C’est l’étape où il est permis de rêver. Des crayons, du papier et tout le matériel nécessaire doivent être à la disposition des adhérents.

Par la suite, on revêt un chapeau d’explorateur (étape 2). On évalue ce qui peut être fait. On explore les diverses possibilités en fonction du contexte. L’explorateur doit avoir des qualités de débrouillardise, mais il n’est pas un rêveur. Il doit penser en termes de nouveauté (en dehors « de la boîte » comme on dit). Il voit si différentes avenues peuvent être développées pour arriver au résultat souhaité. C’est ainsi que les possibilités les plus farfelues ou les plus irréalistes sont éliminées, mais qu’un cadre de renouveau continue d’exister. 

Puis vient le juge (étape 3). Walt Disney, à ce stade, enfermait les gens dans une pièce surchauffée et mal éclairée. Le confort n’était pas de mise alors que la rigueur faisait loi. L’équipe doit s’assurer d’analyser toutes les idées en fonction des contraintes réelles de l’entreprise et des buts à atteindre. Les individus doivent réfléchir en connaissant toutes les informations nécessaires et celles-ci doivent leur avoir été fournies avant. Certains experts, tel le comptable, peuvent intervenir pour répondre à certaines questions. Les juges sont là pour trancher et adopter la meilleure décision possible pour résoudre le problème. Attention! Dans toutes les équipes, il y a des gens qui se plaisent toujours à agir en juges: ceux-ci limitent les bonnes idées et découragent la créativité, Il y a un temps pour chaque chose.

Finalement, la dernière étape est celle où l’on porte un chapeau de guerrier (étape 4). Il faut être prêt à défendre l’idée qui a été retenue. Note: il arrive que la solution choisie ne fasse pas l’unanimité. Cependant, une fois la décision prise, c’est en équipe qu’il faudra la défendre et même convaincre d’autres gens de la pertinence de l’idée retenue. Un bon guerrier ne tiendra pas de propos du genre: « Ce n’est pas ce que j’aurais fait, mais… Il doit faire front commun avec sa troupe. Puisque nous ne disposons généralement pas d’autant de pièces que Walt Disney possédait, il est possible d’utiliser les pictogrammes des chapeaux décrits pour bien situer les gens dans l’étape du remue-méninges. On peut aussi envisager de tenir la séance de brainstorming ailleurs que dans l’entreprise afin de changer de l’habituelle façon de faire les choses. En tous les cas, pour bien réussir et trouver des idées différentes et innovantes, il faut prévoir suffisamment de temps. Un brainstorming ne se vit pas en seulement quelques minutes.

Paru dans Le Rapporteur Printemps 2016 de l’Association des médecins vétérinaires du Québec

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