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Merci aux vétérinaires des centres d’urgence !


Il y a plus de 30 ans, tout était bien différent. Quand j’ai commencé à pratiquer la médecine vétérinaire, il était d’usage que je le fasse 24 heures sur 24. Les cas du soir, de la nuit ou de la fin de semaine étaient irréguliers. Je pouvais conserver mon horaire normal de jour malgré les urgences occasionnelles en dehors des heures d’ouverture. Consulter le vétérinaire n’était pas, à ce moment-là, le premier réflexe pour bien des clients. Ils espéraient que « ça passe tout seul ».

Des moyens technologiques limités

Je devais souvent servir mes clients toute seule pour ne pas épuiser ma petite équipe de techniciennes. Ils étaient contents que je sois là le dimanche pour traiter un problème de gastro-entérite ou pour donner à leur poilu des antidouleurs après que celui-ci ait été renversé par une voiture. Parfois, j’aurais souhaité avoir plus de moyens pour aider davantage. Par exemple, les tests complémentaires comme les bilans sanguins n’étaient, à cette époque, pas accessibles la fin de semaine. Les diagnostics étaient donc limités et les clients comprenaient rapidement que j’étais au bout de mes ressources pour arriver à une solution. Les décisions d’euthanasie étaient prises, souvent trop rapidement par rapport à ma volonté de soigner. J’étais obligée d’accepter cette solution qui, au moins, mettait fin à la souffrance d’un animal. Je me sentais bien seule !

L’arrivée des centres d’urgence a changé ma vie

Ayant vécu la différence entre hier et aujourd’hui, je peux affirmer que je ne reviendrais jamais en arrière. Effectuer moi-même les soins d’urgence en dehors des heures d’ouverture de la clinique n’était vraiment pas facile. Aujourd’hui, si mon agenda est déjà trop rempli, je sais que mes clients et leurs poilus peuvent se rendre dans un hôpital spécialisé 24 heures sur 24. Le nombre d’animaux de compagnie a fortement augmenté au Québec depuis dix ans. Les attentes des propriétaires aussi. Nous pouvons et devons faire beaucoup mieux qu’avant et l’accès à des soins de qualité est devenu la norme. Tous les centres d’urgence du Québec disposent d’une équipe d’urgentologues ainsi que de spécialistes en médecine interne et en chirurgie. Comme dans les hôpitaux pour humains ! Les radiographies y sont examinées par un spécialiste. Tous les tests sanguins nécessaires sont faits sur place et le choix du traitement est offert pendant votre attente à l’urgence. On vous offre également la possibilité de prendre rendez-vous avec le spécialiste qui pourra donner suite aux tests et aux traitements. Tout cela dans le but que votre animal ait la meilleure qualité de vie le plus longtemps possible.

Ne tirez pas sur le messager !

Un animal accidenté avec de multiples fractures, une torsion d’estomac à deux heures du matin, une césarienne d’urgence le dimanche… Des milliers d’animaux sont encore en vie et en santé grâce aux bons soins de vétérinaires travaillant dans les centres.  Mais qui dit soins spécialisés et soins d’urgence, dit un budget plus important. Les soins de santé pour les humains étant payés par l’État à même nos taxes et nos impôts, les propriétaires d’animaux de compagnie ont parfois du mal à comprendre qu’il y ait des coûts pour soigner leurs amis à quatre pattes.

Le lien de confiance

Le plus difficile pour l’urgentologue, c’est de ne voir le client qu’une fois et de devoir tout de même créer un lien de confiance avec lui. Les propriétaires d’animaux sont habitués aux façons de faire de leur vétérinaire de famille. Ce professionnel les connaît souvent depuis longtemps et sait comment leur expliquer ce qui se passe. Or, lors d’une situation grave, le stress diminue notre capacité à bien comprendre et il est souvent difficile de se concentrer sur ce que le vétérinaire de l’urgence nous explique. De plus, il faut décider rapidement du budget que l’on a pour les soins. Heureusement, il existe aujourd’hui des plans de financement et aussi des assurances qui peuvent aider à la prise de décision en lien avec le budget. Cela laisse souvent le temps au propriétaire inquiet de parler à son vétérinaire habituel. Celui-ci sait alors trouver les bons mots pour expliquer au client le plan envisagé. 

Merci

Je souhaite ici, dire merci aux nombreux vétérinaires qui travaillent dans les centres d’urgence du Québec. Vous me permettez d’avoir une belle qualité de vie et vous faites un excellent travail. Vous avez sauvé un nombre incalculable de vies pendant que j’accompagnais mes enfants à leurs cours de danse ou de soccer, ou que je me reposais un peu. J’ai aussi pu assister à des événements familiaux à l’extérieur de la province, en sachant que les animaux de mes clients étaient entre de bonnes mains en mon absence. Au nom de tous les vétérinaires de famille : MERCI !

Elle signe ce texte

Dre Élise Coutu est médecin vétérinaire, propriétaire de la Clinique vétérinaire du compagnon à Sainte-Marie, en Beauce.