Souvent rapporté par les propriétaires de minous, le pipi en dehors de la litière est un problème fréquent et particulièrement dérangeant. Docteure, dites-moi, qu’est-ce qui peut bien causer cela?

• Plusieurs causes sont possibles telles des pierres urinaires, une infection urinaire bactérienne, une cystite interstitielle, et chez les plus vieux, on retrouve également certains problèmes métaboliques tel qu’une thyroïde qui produit trop d’hormones ou des reins malades et j’en passe… Il faut dire que la fameuse cystite interstitielle est la plus fréquente chez les jeunes adultes.
• Plus précisément, 63 % des problèmes urinaires chez les chats de moins de 10 ans sont associés à des cystites interstitielles ce qui représente 1,5 à 6 % des consultations félines en pratique vétérinaire.

C’est quoi exactement une cystite interstitielle?

• C’est un syndrome qui se caractérise par une inflammation de la vessie entrainant ainsi un comportement de miction anormale chez les chats atteints.
• Il y a une composante de stress derrière tout cela, mais aussi une composante individuelle, c’est-à-dire que certains chats sont plus à risque que d’autres. Entre autres, on retrouve plus souvent des chats exotiques.

Disons que mon chat fait des pipis en dehors de la litière, que dois-je faire.

• La première chose à faire est de prendre rendez-vous avec son vétérinaire pour investiguer la cause des pipis en dehors de la litière. Bien que la cystite interstitielle soit fréquente, ce n’est pas forcément la cause. Le vétérinaire va alors recommander de procéder à une analyse urinaire et à une radiographie. Parfois, des tests plus poussés sont nécessaires pour bien identifier la cause et l’adresser adéquatement (échographie, culture urinaire ou un bilan sanguin).
• Idéalement, on retire la litière au moins 4 heures avant le rendez-vous pour avoir de l’urine dans la vessie pour la prise d’échantillon.

Et si mon chat a réellement cette fameuse cystite?

• Il y a deux choses importantes à adresser avec votre vétérinaire : la crise soit le moment où l’animal présente des signes cliniques, de la douleur et la gestion long terme pour éviter les récidives. Malheureusement, 50 % des chats vont récidiver en moins d’un an. Heureusement, avec de bons conseils, la prévention des récidives est tout à fait possible, et plus le traitement est initié tôt, meilleure sera la réponse.

Et comment peut-on limiter les récidives?

• La pierre angulaire permettant de limiter les récidives est la gestion environnementale visant une diminution du stress chez le chat. D’ailleurs, une référence très pertinente pour les propriétaires est le site internet ‘’The indoor pet initiative’’ de l’Université de l’Ohio qui a des conseils extraordinaires et bien présentés.
• Plusieurs choses sont à adresser : la gestion des litières, la stimulation de la consommation d’eau, la diète, la diminution des conflits entre chats si c’est le cas et le jeu.
• Ça prend environ 3 à 6 semaines pour voir les effets de ces changements, mais 80 % des chats y répondent.

Quand vous dites, la gestion des litières, qu’est-ce que ça implique?

On vise :

• 1 litière par chat + 1
• 1 litière au moins par étage
• Grande (au minimum aussi longue que le chat; idéalement 1,5x longueur)
• Propre : nettoyer 1x/jour, changer 1x par semaine
• Non parfumée
• Ne pas changer le type de litière souvent
• Non recouverte idéalement (ça conserve les mauvaises odeurs comme une toilette chimique)
• Ne pas mettre près de la laveuse ou sécheuse (trop bruyant)

Mon chat ne boit pas beaucoup, comment puis-je m’y prendre pour augmenter sa consommation d’eau?

Les fontaines d’eau sont généralement très appréciées de nos amis poilus et peuvent aider. De plus, certaines ont des filtres qui permettent d’améliorer le goût de l’eau si celle-ci contient beaucoup de chlore ou si elle a une odeur particulière.

• Un truc pourrait être d’ajouter un cube congelé de bouillon de thon ou de palourdes.
• On peut également ajouter plusieurs bols d’eau dans des pièces différentes. Idéalement, de grands bols peu profonds et bien remplis.
• Les diètes humides en conserves sont très intéressantes comme elles contiennent plus d’eau que les croquettes. Attention à brosser les dents toutefois comme le tartre et la gingivite se développent plus vite avec ce type de diètes.
• Référez-vous à votre vétérinaire pour un choix de nourriture adéquat aux besoins de votre chat. Généralement, on vise une nourriture avec une teneur en sel un peu plus élevée afin de stimuler la consommation d’eau. Toutefois, il existe certaines contre-indications telles que les problèmes cardiaques.

C’est important de se rappeler que c’est un travail d’équipe entre le propriétaire et le vétérinaire. Les propriétaires ne devraient pas hésiter à appeler leur vétérinaire si les récidives persistent malgré la mise en place de traitements et de changement environnementaux. Il y a une certaine partie qui est de l’essai-erreur et certains chats vont nécessiter de la médication long terme également.

Pour (ré)écouter ma chronique sur le sujet, au micro de Geneviève Pettersen, c’est ici :

Elle signe ce texte

Dre Stéphanie Nadeau est médecin vétérinaire et propriétaire avec 5 associées, de 6 établissements vétérinaires dans la grande région de Montréal. Dre Nadeau est gestionnaire de la Clinique vétérinaire 440 à Laval.