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Décès de mon animal. Est-ce que je peux l’enterrer ?


Les beaux jours sont enfin arrivés. Comme vétérinaire aidant les familles à dire au revoir à leur boule d’amour, cette période est pour moi associée au retour des fleurs, mais aussi aux enterrements des animaux. Mais comment se déroule une crémation ? Quel est son coût ? Que fait-on des restes ? Y a-t-il un impact sur l’environnement ? Comment sera manipulé notre animal ? A-t-on le droit au Québec d’enterrer notre compagnon à quatre pattes, et si on le fait, à quelle profondeur et à quelle distance de la maison ? L’animal doit-il être emballé ? Faisons le tour ensemble de toutes ces questions pour que cette dernière étape de notre relation avec notre fidèle compagnon se termine dans l’harmonie.

Nous pensons souvent que nous pouvons improviser un enterrement, que ce soit pour un poisson rouge ou un grand danois et qu’il soit mort naturellement, d’une maladie ou par euthanasie. Or, bien que banalisés, les risques liés à l’enterrement d’un animal sont bien réels, tant pour l’environnement que pour la santé humaine et animale. 

Ma passion : laisser partir nos animaux dignement

Parler d’enterrement peut paraître triste. Mais je vois cet aspect comme une occasion d’introniser une relation unique qui ne peut être éternelle, mais dont la mémoire peut l’être. Car enterrer l’animal que nous avons aimé est chargé de symbolique et doit être à la hauteur de ce lien que nous avons tissé sur de nombreuses années. C’est ce qui me passionne dans mon métier : l’intangible, l’amour, la mémoire, les symboles. Depuis 2016, je dédie en effet ma carrière à la dignité des animaux en m’intéressant aux soins qu’on peut leur donner en fin de vie. Cette démarche m’a amenée à concevoir et à mettre en marché EUTHABAG, une housse mortuaire pour animaux que vous avez peut-être vue à l’émission Dans l’œil du dragon.

De la fiction à la réalité

Nous avons tous en tête cette scène de film à l’aspect solennel : les enfants ont caressé une dernière fois le chien de famille, la mère l’a enveloppé dans une jolie courtepointe, puis le père l’a enterré sous le grand chêne de leur superbe propriété de la côte est des États-Unis. La petite dernière a glissé un dessin dans le cercueil tandis que ses frères et sœurs ont fait des bouquets de fleurs. Le père a rédigé une épitaphe sur une vieille planche de bois. Il a ensuite creusé un trou sans verser une goutte de sueur. Aucune racine n’était présente sous le chêne centenaire ni aucune pierre indélogeable ou bloc de roc. La terre était bien meuble, la zone pas inondable. Et la dépouille de 35 kg a été déposée facilement dans la tombe de trois mètres de profondeur grâce aux supers pouvoirs du papa. C’est la magie du cinéma. Tout est parfait. Absolument parfait.

Mais revenons à la réalité. J’ai moi-même enterré quatre chiens, deux cochons d’Inde, et deux chats. J’ai aussi enterré les animaux de certains de mes amis. Je ne peux plus voir cette scène avec la même innocence. Je vois maintenant des racines imperturbables, des pierres indélogeables, des blocs d’argile, du roc. De la sueur, de la frustration, de la peine et le sentiment de m’être encore embarquée dans un enterrement pas si simple pour faire plaisir à ceux que j’aime qui, eux, ne connaissent pas l’envers du décor. Ni eux ni moi n’avions à l’époque visité un crématorium ou une installation d’aquamation. Nous n’étions pas non plus au courant des implications de l’enterrement, au-delà de la difficulté de creuser une tombe assez profonde pour ne pas que notre fidèle compagnon soit à moitié déterré le lendemain par un autre animal. Je ne souhaite d’ailleurs à personne cette expérience terrible qui est arrivée à plusieurs de mes clients. 

Les risques d’enterrer soi-même son animal

Nous sommes en 2024. Soyons modernes. Un enterrement ne s’improvise pas. C’est un métier. Il faut tenir compte des questions sanitaires, de santé publique et d’environnement. Enterrer un animal n’est pas réglementaire avec la législation provinciale de gestion des matières résiduelles. L’animal décédé est considéré aux yeux de la loi comme une matière résiduelle. Or, il est interdit d’enterrer nos poubelles. Ensuite, les animaux morts de maladies infectieuses présentent un danger pour d’autres animaux domestiques ou sauvages. Quant aux animaux euthanasiés, ils sont un risque, pour d’autres animaux, mais également pour l’environnement.

Pour euthanasier un animal, on utilise en effet un anesthésique, le pentobarbital. Selon son poids, sa dépouille contiendra une quantité variable de ce produit. Si votre compagnon à fourrure n’a pas été enterré avec au moins 60 cm de terre par-dessus son corps, il pourrait être déterré par un animal sauvage ou domestique (une moufette, un renard, le chat du voisin ou votre propre chien) intéressé à ingérer une partie de la dépouille. Or, cette action ne sera pas sans conséquence puisqu’elle amènera celui-ci à s’endormir plus ou moins profondément selon la dose ingérée. Il pourra même en décéder. J’ai eu vent de nombreuses histoires de ce genre. À la clinique où je travaillais, des chiens de ferme avaient déterré un cheval qui avait été euthanasié trois ans plus tôt et qui avait perdu conscience toute une journée. Imaginez le stress. De plus, le pentobarbital, très stable dans l’environnement, peut aussi contaminer le sol et l’eau à la suite de l’enterrement d’un animal.

Une solution : la housse Euthabag

Qui veut avoir de l’anesthésique dans la terre de son jardin ou dans la nappe phréatique ? Une housse comme Euthabag évite que le pentobarbital ne contamine l’environnement et diminue la probabilité qu’un animal déterre la dépouille. De plus, il est fait d’une toile qui permet aux propriétaires de l’animal d’y faire des dessins ou d’y écrire des mots doux pour leur feu compagnon à quatre pattes. Cet hommage constitue aussi un rituel qui peut aider tous ceux qui viennent de perdre leur animal pour ensuite commencer leur deuil.

Choisir un enterrement responsable

C’est inévitable, nous mourrons tous un jour et nos adorables compagnons aussi. Avant ou après nous. Le mieux est donc de prévoir cette étape. Il est maintenant possible de faire enterrer son animal dans un cimetière, de procéder à une aquamation ou à une crémation en récupérant ou non les cendres. Si vous souhaitez enfouir les cendres, vous devrez vous renseigner pour savoir si vous avez le droit. Et si vous le faites et que vous plantez un rosier par-dessus, celui-ci mourra. Les cendres sont trop alcalines et contiennent trop de sels pour être concentrées dans le sol. Elles doivent être mélangées à un substrat qui équilibrera leur pH.

Comme vous pouvez le constater, de multiples facteurs sont donc à considérer pour planifier l’enterrement d’un animal. Discutez-en avec votre vétérinaire ou avec un professionnel de la disposition du corps des animaux de compagnie. Vous trouverez plus d’informations sur le site de EUTHABAG. Bien prévoir l’enterrement de votre fidèle compagnon peut transformer une étape difficile en un hommage inoubliable et digne. Nos animaux de compagnie laissent des empreintes sur nos cœurs et nous leur devons bien de leur dire au revoir d’une belle façon.

Tant qu’on n’a pas aimé un animal, une partie de notre âme reste endormieAnatole France, prix Nobel de littérature en 1921

 Si le médecin soigne l’homme, rappelons-nous que le vétérinaire soigne l’humanité. Yvan Pavlov, prix Nobel de médecine et de psychologie en 1904

Elle signe ce texte

En plus d’exercer la médecine vétérinaire, Dre Céline Leheurteux est présidente fondatrice d’Euthabag et donne des conférences sur l’accompagnement en fin de vie des animaux domestiques.