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Témoignage. Jules, une belle histoire d’amour.


Les chiens sont des témoins privilégiés de notre quotidien. Quand ils s’endorment pour une dernière fois, c’est un peu de notre histoire qui s’éteint avec eux. 

Jules nous a quittés à la fin du mois d’avril il y a quelques années. Son corps fatigué ne tenait plus. Usé, il était en bout de piste. 

Ce matin-là, très tôt, Jules a demandé à aller à l’extérieur. Je l’ai aidé à descendre l’escalier, comme tous les matins depuis qu’il était diminué et que ce simple geste était devenu difficile pour lui. Il est sorti avec les autres chiens. Je suis retournée au lit en laissant la porte entrouverte. Après plusieurs minutes, les autres chiens sont rentrés, pas lui. Je me suis inquiétée. Pour dire vrai, ça faisait des semaines que je m’inquiétais pour Jules. C’était devenu ça, notre quotidien à lui et moi. Il dépérissait, je m’inquiétais. Il perdait du poids, mangeait du bout des lèvres, manquait d’équilibre. Ses journées étaient des petites batailles et moi, j’étais l’armée en charge de le faire avancer. 

Je me suis levée pour aller le chercher dans le jardin. Je l’ai trouvé couché dans le gazon, haletant. Son regard… Mon cœur s’est retourné. J’ai réussi à le ramener dans la maison et je l’ai couché à mes côtés. J’ai pleuré dans sa fourrure. Je savais comment cette journée allait se terminer. 

Courageusement, je me suis refusée à perdre espoir. J’ai emmené Jules chez sa vétérinaire ce matin-là, elle qui prenait si bien soin de lui depuis quelque temps. On avait pris la décision de faire quelques tests supplémentaires. Plus tard dans la journée, nous avons su qu’il n’y avait plus rien à faire. Un truc foudroyant le faisait visiblement souffrir plus intensément depuis quelques jours. Le reste de la journée a été un brouillard difficile à décrire. 

À la fin de cette journée-là, Jules a été euthanasié, entouré de sa famille. Ce fut malgré tout un tendre moment et un grand soulagement. Pouvoir soulager la souffrance d’un être qu’on aime est un privilège. C’est comme ça que nous avons choisi de vivre la fin de cette belle histoire d’amour de plus de 12 ans de complicité.

Après, il reste le vide, le silence, l’absence. Ça dure un temps, puis les beaux souvenirs remontent et occupent toute la place. Bien heureusement. Merci à Jules qui nous a appris que les chiens aiment inconditionnellement. 

 

Jules a été mon premier chien, celui qui a fait que j’aime les chiens. Sans lui, la suite aurait été moins belle. Merci encore, Jules. 

Elle signe ce texte

Marie-Claude Bonneau est Directrice générale des 7 établissements vétérinaires de Dre Lucie Hénault.