Savez-vous ce qui se passe réellement du matin au soir dans un hôpital vétérinaire? Alors que plusieurs pensent que travailler dans ce domaine se résume à câliner des animaux et à leur prescrire des médicaments, énormément de choses se passent de l’autre côté de la porte de la salle d’examen. Laissez-moi vous expliquer pourquoi nous avons toujours l’air si occupés…
Quand je passe la porte de l’Hôpital Vétérinaire de Montréal vers 9 heures du matin, la journée est déjà bien entamée par les techniciennes en santé animale et les réceptionnistes. Tandis que les premières préparent le matériel nécessaire pour les chirurgies prévues pour la journée, les deuxièmes font déjà des appels aux clients. Il y a aussi notre sympathique patronne qui est arrivée très tôt pour retourner des appels et s’occuper de certains clients qui sont fâchés de ne pas avoir été appelés plus tôt ou de ceux qui auraient aimé qu’on traite leur animal, au téléphone…
Un agenda bien rempli
Ma journée est remplie de rendez-vous annuels (vaccinations, prise de sang annuelle) et de cas médicaux pouvant aller de très simples à plus complexes. Je prends le temps de lire le dossier de chaque animal avant son arrivée, pour me familiariser avec lui : a-t-il des conditions médicales connues? Des allergies alimentaires? Quelles gâteries aime-t-il? Est-il anxieux avec un vétérinaire? Ceci me permet d’avoir une approche personnalisée avec chacun d’entre eux. À la fin de la consultation, je prends le temps de remplir mon dossier avec toutes les informations importantes, pour m’assurer de ne rien oublier la prochaine fois.
Les techniciennes en santé animale et l’assistante-technicienne m’aident tout au long de la journée. Par exemple, pendant que je discute avec les propriétaires, elles vont faire les prises de sang, regarder des échantillons sous le microscope, préparer la médication que j’ai prescrite, s’assurer qu’un animal se réveille bien de chirurgie, etc. Elles ont aussi un rôle important lors des chirurgies, où elles surveillent l’anesthésie, et lors des dentisteries, où elles font le détartrage, prennent les radiographies dentaires et polissent les dents.
Et les urgences…
Au travers de mes consultations déjà prévues dans ma journée, des urgences arrivent tous les jours, sans exception! C’est un vrai travail d’équipe avec la réceptionniste qui écoute attentivement les propriétaires expliquer le problème, la technicienne qui évalue la gravité de la situation et la vétérinaire, qui décide quand il sera plus facile de voir l’animal en question. Il arrive donc, très fréquemment, que je doive m’occuper d’un chiot qui vient pour ses vaccins et d’un animal très malade qui requiert beaucoup de mon attention. Nous devons aussi parfois hospitaliser des animaux et les surveiller tout au long de la journée.
Les retours d’appels
Je dois aussi prendre le peu de temps qu’il me reste pour appeler des clients : comment Max va-t-il depuis sa castration? Comment Minette va-t-elle maintenant qu’elle prend des antibiotiques? Coco aime-t-elle sa nouvelle nourriture? Il y a parfois tellement d’appels à faire, qu’il faut en déléguer plusieurs aux techniciennes. Je reçois aussi constamment des résultats de laboratoire : par exemple les résultats d’une prise de sang que j’ai faite hier, une analyse d’urine qu’un client m’a apportée, etc. Il faut prendre le temps de relire le dossier de l’animal, analyser les résultats, établir un plan de match et en discuter avec les propriétaires. Il faut aussi parfois annoncer des mauvaises nouvelles, ce qui prend toujours plus de temps, car nous aimons être délicats.
Les montagnes russes d’émotions
Lorsqu’on travaille en milieu vétérinaire, notre journée est teintée de nombreuses émotions! Un moment, nous sommes émerveillées par un chiot qui nous mordille les doigts, puis nous sommes attristées de devoir mettre fin à la vie d’un vieux chat malade. Tout de suite après, nous devons retrouver notre sourire pour aller rencontrer une famille qui vient d’adopter un petit chat. Cette panoplie d’émotions intenses peut parfois être épuisante, pour tous les membres de l’équipe. Pourtant, nous avons la passion d’aider les animaux et d’être présents pour eux, du début à la fin!
Quand le soir sonne vers 20 h, après 11 heures de travail, il y a souvent une nouvelle urgence qui arrive, et qui ne peut pas attendre à demain. Même si l’équipe est fatiguée, nous sommes toujours prêts à recevoir un animal qui nécessite des soins et ne peut attendre. Tous les membres de l’équipe restent présents, jusqu’à ce que les derniers propriétaires aient quitté l’hôpital. S’ensuivent alors les dernières tâches de la journée, qui ont été repoussées par manque de temps; terminer des appels, préparer des prescriptions, faire un dernier suivi des animaux hospitalisés et le nettoyage de l’hôpital. C’est toujours bien fatigué, mais le cœur heureux, que nous quittons l’Hôpital Vétérinaire de Montréal.
La prochaine fois que vous téléphonez pour prendre un rendez-vous, faire préparer un médicament, discuter avec un vétérinaire de vos inquiétudes et que vous ne pouvez être servis immédiatement, rappelez-vous que chaque membre du personnel est déjà bien affairé à faire quelque chose! Lorsque votre vétérinaire est en retard de quelques minutes à votre rendez-vous, rappelez-vous qu’il est peut-être en train d’aider un animal en détresse. Je n’ai jamais vu mes collègues assises à ne rien faire. Un hôpital vétérinaire est comme un nid d’abeilles : nous allons et venons de gauche à droite en bourdonnant, sans jamais nous arrêter. Et ce qui est le plus surprenant dans tout ça : nous le faisons toujours avec plaisir!
Elle signe ce texte :
Dre Lortie-Watkins, médecin vétérinaire, exerce à l’Hôpital vétérinaire de Montréal.