Quand je vais moi-même consulter un professionnel de la santé, la vétérinaire en moi n’est jamais bien loin. Je me surprends souvent à comparer nos réalités, à poser des questions, et à échanger sur ce qu’il observe, ce qu’il soigne ou comprend de ses patients.
Santé buccale : quand la vétérinaire visite la dentiste
Cette semaine, j’étais chez la dentiste. Ma dentiste habituelle ayant pris sa retraite, je rencontrais sa remplaçante. Pendant qu’elle examinait mes radiographies, j’ai, bien sûr, eu envie d’en parler — réflexe de vétérinaire oblige ! Très vite, la discussion a glissé vers les différences entre la santé dentaire des humains et celle des animaux.
Les racines dentaires des chiens et des chats sont plus longues, leurs fractures et abcès plus fréquents — mais souvent ignorés plus longtemps que ceux des humains, puisqu’un animal ne peut pas dire en mots qu’il souffre.
Je lui ai d’ailleurs montré la radiographie d’un de mes patients (dans mon téléphone, il y a de tout : un patient mignon, une plaie, une fracture, mes ados, ma famille…).
Elle a souri, fascinée, et s’est exclamée : « On ne voit pas ça souvent chez les humains ! ».
Et moi de répondre :
« Peut-être, mais combien de propriétaires me disent : “Il ne doit pas avoir mal, il mange encore…” ».
Elle a hoché la tête :
« Continuez à sensibiliser vos clients, c’est tellement important. »
Avant de repartir, je l’ai invitée à s’abonner à l’infolettre de Flair et cie. Invitation acceptée !
Santé des yeux : la vétérinaire chez l’optométriste
Quelques semaines plus tôt, un samedi matin, j’ai dû me rendre d’urgence chez l’optométriste à cause d’un orgelet — un vrai, gros et douloureux. J’étais sincèrement reconnaissante d’obtenir un rendez-vous aussi vite, même moyennant des frais d’urgence.
J’ai été reçue par une stagiaire de cinquième année, brillante et passionnée. Comme je venais justement d’accueillir dans notre équipe de l’Hôpital vétérinaire de Montréal une étudiante de cinquième année en médecine vétérinaire, nous avons comparé leurs programmes, leurs apprentissages et leurs perspectives de carrière.
La stagiaire m’a ensuite fait passer un test à la fluorescéine. J’en ai profité pour lui expliquer comment on utilise ce même colorant en médecine vétérinaire pour dépister et qualifier les ulcères cornéens, surtout chez les chats qui sortent. Ces félins aventuriers se battent, se griffent… puis se frottent l’œil après leurs mésaventures.
Anesthésie et soins : conversations entre soignantes
Je brunche régulièrement avec une amie anesthésiste… Nos discussions tournent autour de l’anesthésie, des protocoles, de la gestion de la douleur et du stress des familles. Spécialiste, elle connaît évidemment beaucoup mieux que moi l’anesthésie. Quant à moi, en tant que médecin vétérinaire généraliste, j’ai la chance de pouvoir référer mes patients les plus à risque à des centres de référence ou d’urgence où exercent des confrères spécialistes dont les anesthésistes vétérinaires. Nos échanges sont toujours passionnants et me rappellent combien les principes de soins se rejoignent : bien préparer, comprendre le cas, bien doser, bien accompagner, et faire preuve de douceur et de vigilance jusqu’au réveil.
Une même vocation, au-delà des espèces
Ces échanges avec mes pairs me rappellent qu’au-delà des espèces, nous appartenons à la même communauté de soignants.
Nous partageons une curiosité commune, la volonté de soulager, de préserver la qualité de vie, d’informer et la conviction qu’il faut sans cesse continuer à apprendre.
Car la médecine, quelle qu’elle soit, évolue sans répit… et notre vocation, elle, reste la même : soigner avec cœur et expertise humains ou animaux.


