L’euthanasie d’un animal de compagnie n’est jamais une décision facile ni pour son humain ni pour l’équipe vétérinaire qui sera chargée de l’effectuer. En lien avec cet acte, il nous arrive de recevoir des demandes particulières, comme celle d’euthanasier un animal dont l’humain est en fin de vie ou près d’entrer dans une maison de retraite n’acceptant pas les compagnons poilus. Certaines personnes inscrivent également dans leur testament que leur animal doit être euthanasié et incinéré à leur décès afin de les accompagner dans la mort. Bien que ces requêtes soient légitimes, elles soulèvent de nombreux enjeux éthiques, en particulier au sein de la communauté vétérinaire.
1. Des arguments souvent entendus pour justifier l’euthanasie de convenance (c’est-à-dire qui n’est pas justifiée médicalement)
« Mon animal ne sera pas heureux sans moi » ; « Personne ne voudra l’adopter » ; « Il est trop vieux ».
De tels arguments reflètent sans doute le souci du propriétaire pour le bien-être de son animal. Mais ils sont erronés. Bien entendu, il est normal de vouloir être le seul être humain à bénéficier de l’amour inconditionnel de son poilu. Mais le lien privilégié qui nous unit à lui ne l’empêche aucunement d’être heureux dans une autre famille. Nos animaux ont une forte capacité d’adaptation. Ils peuvent s’acclimater et être heureux dans une nouvelle famille qui répondra à leurs besoins physiques et émotionnels. Et ce, peu importe leur âge.
D’ailleurs de nombreuses personnes souhaitent contribuer à donner une seconde chance à un animal plutôt qu’il soit euthanasié dans ce contexte. De multiples animaux provenant de l’étranger arrivent à trouver des familles pour les mêmes raisons. Alors pourquoi personne n’adopterait Milou, l’adorable bichon maltais de 9 ans de grand-papa Michel ?
J’ai moi-même contribué à plusieurs de ces adoptions.
- Blanche, une golden retriever de 9 ans, a été adoptée durant mes études en médecine vétérinaire par le biais du refuge de la faculté. Elle a vécu jusqu’à 13 ans.
- Belle, un lévrier italien de 8 ans, a mené la belle vie jusqu’à 15 ans et demi, soit 7 ans de plus que ce que le destin lui réservait.
- Et enfin, Tedd est toujours en vie à 13 ans. Il est arrivé dans mon foyer à l’âge de 8 ans.
2. « Mon vétérinaire ne peut pas refuser l’euthanasie »
Bien que la satisfaction de nos clients soit au cœur de nos priorités, le bien-être de l’animal surpasse celle-ci. Le vétérinaire, tout comme son équipe, s’efforce tous les jours de sauver des patients malades pour leur éviter l’euthanasie. Une euthanasie de convenance vient à l’encontre de cet objectif. Un animal en santé n’a aucune raison d’être euthanasié, qu’il soit jeune ou vieux, l’âge n’étant pas une maladie. Certes, l’euthanasie fait partie de notre réalité. Et chacune d’entre elles nous touche profondément, même lorsqu’elle est justifiée. Imaginez quand il n’y a pas de raison médicale de la pratiquer. Peu de vétérinaires acceptent d’ailleurs, avec raison, d’effectuer une euthanasie de convenance. L’euthanasie doit répondre à un état de santé qui nuit à la qualité de vie du patient.
Si malgré tout vous souhaitez obtenir une euthanasie de convenance (donc non justifiée médicalement), vous devez vérifier la politique d’euthanasie de votre clinique vétérinaire au préalable. Il est également recommandé de discuter de cette décision avec votre vétérinaire avant que ce moment ne se présente. Il pourrait en effet refuser votre demande, surtout si votre animal est en bonne santé. Légalement, rien ne l’oblige à pratiquer une euthanasie de convenance, pas même un testament. Il pourra toutefois vous diriger vers des ressources qui vous aideront à trouver une bonne famille pour votre poilu.
3. Prévoyez plutôt l’adoption de votre poilu !
Votre mère envisage de déménager dans une résidence privée pour personnes âgées ? Elle doit être transférée bientôt dans un CHSLD ? Prenez le temps de réfléchir afin d’organiser l’adoption de son animal de compagnie.
Un membre de la famille pourrait par exemple héberger temporairement l’animal, le temps que vous lui trouviez une famille aimante. Parlez-en avec vos proches afin de planifier le tout et de décider de la personne qui s’en occupera au moment opportun. Demandez à un jeune de la famille de vous aider à préparer une courte annonce que vous publierez sur les médias sociaux. Pensez aussi à préparer un questionnaire pour les éventuels adoptants.
Vous pouvez aussi :
- Contacter les refuges et la SPCA de votre région
- Partager une annonce sur les réseaux sociaux et dans des groupes destinés à l’adoption
- Placarder une annonce dans les entreprises du coin et dans votre clinique vétérinaire
- Vérifier avec votre clinique vétérinaire si elle possède une liste d’adoptants potentiels
Les organismes qui aident à l’adoption poseront beaucoup de questions aux futurs adoptants afin de créer le match parfait. Leur but est en effet de placer chaque animal dans une famille pour la vie, peu importe le nombre d’années qu’il leur reste à vivre. Ayez confiance en eux. Les gens qui y travaillent sont des amoureux des animaux. Ils ne veulent que leur bien-être.
Avec l’aide du notaire, vous pouvez désigner une personne qui prendra soin de votre poilu après votre décès et pourra lui trouver une nouvelle famille. Une somme d’argent raisonnable n’excédant pas les besoins réels de votre compagnon à quatre pattes pourra aussi être prévue pour la personne qui s’en chargera.
Bien que certaines situations arrivent parfois rapidement et sans préavis, il est rare qu’une solution autre que l’euthanasie de convenance ne puisse être envisagée.
Penser à ce qu’il adviendra de votre chien ou de votre chat après votre décès ou en cas d’incapacité à prendre soin de lui est une grande preuve d’amour. Mais celle-ci est encore plus grande si elle permet de lui offrir une seconde vie dans un foyer aimant plutôt que de mettre fin à ses jours prématurément. Pensez-y !
Ressources utiles :
- https://spadequebec.ca/
- https://www.spca.com/
- https://spca-outaouais.org/
- https://spcall.ca/
- https://spcalanaudiere.org/
- https://spcaroussillon.com/
- https://spcasaguenay.com/
- https://spavilledelevis.com/
- https://toutourisme.ca/liste-des-refuges/
- https://lespattesjaunes.com/
- https://www.missionmayday.ca/
- https://aristopattes.ca/
- https://www.mygrandfatherscat.ca/
Région de Québec et de Lévis
- https://refugelfm.com/
- https://elliott-lily.ca/
- https://refugerelaisfelin.com/
- https://refugemarysue.com/
Elle signe ce texte
Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.