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Portrait de gens inspirants : rencontre avec… Dr Guy Fitzgerald


Ils ont un parcours brillant, exercent leur métier avec passion et rendent hommage au lien humain-animal, chacun à leur façon. Chaque mois, découvrez le portrait d’un humain particulièrement inspirant. Rencontre avec Dr Guy Fitzgerald,  clinicien, enseignant et fondateur de la Clinique des oiseaux de proie de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. 

 

Monsieur Fitzgerald, quels furent vos premiers contacts avec les oiseaux?

Adolescent, j’ai travaillé dans un camp de sciences naturelles en Abitibi, le Camp-École Chicobi. Quelques années plus tard, dans le cadre de mes études en médecine vétérinaire, j’ai monté un kiosque sur la médecine de la faune aux Portes ouvertes 1986, organisées par les étudiants de la FMV. Le Macdonald Raptor Research Center de l’Université McGill m’avait « prêté » un faucon pèlerin vivant pour l’occasion! La présence de l’oiseau suscitait un tel engouement auprès des visiteurs, qu’il y avait congestion devant mon kiosque! (rires) 

 

Est-ce cette expérience qui vous a donné le goût de travailler avec les oiseaux?

Entre autres, oui. Le contact avec le faucon pèlerin m’a amené à travailler pendant l’été 1986 au centre de recherche du Collège Macdonald à Sainte-Anne-de-Bellevue.  À l’époque, l’endroit hébergeait une colonie de plus de 300 oiseaux de proie, mais il n’y avait aucun vétérinaire sur place.  Même si je n’avais pas encore gradué, j’ai commencé à prodiguer des soins aux oiseaux blessés ou malades. 

 

À quel endroit?

Le centre de recherche avait aménagé un petit local dans une grange (le hawk barn), pour que je puisse faire des soins avec le peu d’équipement que j’avais sous la main. À la fin de l’été 1986, je suis allé voir le doyen de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, pour lui demander s’il était possible d’offrir des soins vétérinaires aux oiseaux de proie sauvages en collaboration avec le Collège Macdonald. Il m’a déniché un local dans une animalerie, muni de six cages et d’une table d’examen. 

 

Vous avez donc fondé la Clinique des oiseaux de proie, avant même d’être officiellement vétérinaire!

C’est exact. En compagnie d’un petit groupe d’étudiants, nous avons reçu une vingtaine d’oiseaux de proie la première année, puis 190 l’année suivante. Maintenant, on reçoit près de 450 oiseaux de proie par année. 

 

Pourquoi  y a-t-il autant d’oiseaux de proie blessés ou malades?

Les oiseaux de proie figurent sur la liste des animaux à déclaration obligatoire au Québec. Si vous trouvez par exemple un pygargue à tête blanche, vous ne pouvez pas le garder. Il faut contacter un agent de la faune qui lui, ira le porter dans un endroit approprié à sa réhabilitation. Les cas les plus courants de blessures sont les collisions (fenêtre, voiture, fil électrique). Il y a aussi le phénomène des faux orphelins, ces oiseaux en duvet ou en apprentissage de vol que les gens croient abandonnés. 

 

Pouvez-vous nous en dire plus?

Des gens trouvent sur leur pelouse un oiseau qui semble perdu et sans défense. Remplis de bonnes intentions, ils le ramassent et appellent un agent de la faune. Mais en fait, l’oiseau apprenait maladroitement à voler! Une des meilleures choses à faire si vous trouvez un oiseau, c’est de le surveiller de loin. Vous allez probablement  voir un oiseau adulte venir vers lui, pour le nourrir ou lui apprendre à chasser. 

 

Y a-t-il plus d’oiseaux de proie près des villes?

Oui, à cause de l’étalement urbain. Nous empiétons sur l’habitat naturel des oiseaux, alors ces derniers se sont adaptés. Le faucon pèlerin, qui niche habituellement sur les falaises,  fait son nid dorénavant sur des gratte-ciel. Autre exemple : le faucon émerillon, un oiseau forestier qu’on entendait uniquement lors de promenades au chalet, vit maintenant en ville.  

 

En terminant, que faites-vous avec les oiseaux, après les avoir soignés?

Une fois guéris, nous les relâchons en nature, un moment toujours émouvant. Cela dit, certains oiseaux de proie ne peuvent pas retourner dans leur habitat naturel parce qu’ils souffrent d’handicaps les empêchant de se débrouiller en forêt ou parce qu’ils sont trop imprégnés aux humains. Ces derniers n’ont pas une vie plate pour autant! Ils nous accompagnent lors de visites dans les écoles et servent à éduquer le public.

 

Comment se finance tout ce travail?

La réhabilitation de la faune est un travail de bon samaritain. Nous ne recevons pas de subvention récurrente de fonctionnement. Les dons et les commandites sont essentiels à maintenir nos activités.

Pour plus de détails : https://www.uqrop.qc.ca/fr/  et https://chouetteavoir.ca/

Elle signe ce texte

Communicatrice dans l’âme, Nathalie Slight collabore à de nombreux médias depuis une trentaine d’année, en tant que journaliste, chroniqueuse et spécialiste des réseaux sociaux.