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Portrait de femmes inspirantes : rencontre avec… Dre My-Loc Lisa Huynh Ngoc

Portrait Inspirant / Portrait de femmes inspirantes : rencontre avec… Dre My-Loc Lisa Huynh Ngoc

Elles ont un parcours brillant, exercent leur métier avec passion et rendent hommage au lien humain-animal, chacun à leur façon. Chaque mois, découvrez le portrait d’une femme particulièrement inspirante. Rencontre avec Dre My-Loc Lisa Huynh Ngoc, enseignante à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

Par Nathalie Slight

Lisa, comment vous êtes-vous dirigé vers l’enseignement?

Lorsque j’ai terminé ma médecine vétérinaire, c’était clair pour moi que j’allais exercer en clinique jusqu’à ma retraite. Puis, après quelques années de pratique, je sentais qu’il me manquait quelque chose. Mon amoureux, alors en résidence en pathologie à l’Université de Montréal, a vu un poste de chargé de cours pour travaux pratiques affiché sur un babillard. Il m’a dit : « Tu pourrais soumettre ta candidature !»

Et c’est ce que vous avez fait!

Je ne possédais aucune expérience, j’ignorais comment enseigner mais après avoir décroché le poste, j’ai « pogné la piqûre » comme on dit en bon québécois! (rires) J’ai débuté avec un TP, puis un deuxième, puis des cours magistraux… et finalement, j’enseigne à plein temps maintenant, et j’adore ça!

Vous avez, paraît-il, des méthodes d’enseignement qui impliquent beaucoup les étudiants!

La matière théorique que j’enseigne, la physiologie cardiovasculaire, est assez aride, alors j’ai développé des techniques en plus de suivre des formations en pédagogie, pour rendre le tout plus accessible, plus intéressant. J’essaie d’éviter ce je trouvais pénible lorsque j’étais moi-même étudiante (rires).  Par exemple, lorsque l’enseignant disait : « Ceci ne sera pas à l’examen », et que c’était quand même à l’examen, je détestais ça! Voilà pourquoi j’établis un lien de confiance avec mes étudiants. Ils savent exactement sur quelle matière ils seront évalués. 

Vous intégrez aussi l’humour dans votre enseignement!

J’adore raconter des anecdotes, pour illustrer ce dont je parle avec des exemples, des images. Pour alléger le cours en créant une belle cohésion de groupe, je lance un défi aux élèves : créer une chorégraphie inédite, qui donne droit à un guide d’étude pour l’examen. Plus le nombre de participants est grand, plus la difficulté de l’examen diminuera. La participation à ce défi est de 99% (rires). 

Vous possédez beaucoup d’humour!

Je suis effectivement quelqu’un qui aime beaucoup rire. Si je donne un examen à mes 96 élèves, c’est 960 pages d’examen que j’aurai à corriger. Je leur demande donc de m’écrire une petite blague dans la marge, pour alléger mon humeur.  La meilleure blague aura un point bonus, celles en deuxième et troisième position : 0.5 point. Ça amuse les élèves et ça me fait du bien!

Vous avez aussi une entente avec vos élèves, s’ils trouvent des erreurs dans vos notes de cours.

Effectivement, oui. S’ils trouvent des erreurs dans mes notes de cours, mes PowerPoint, ils auront le droit d’écrire une question d’examen.  Ça me fait donc 96 paires de yeux hyper motivés à dénicher les petites erreurs qui peuvent se glisser dans mon travail! (rires). 

En 2023, vous êtes Lauréate du Prix d’excellence en enseignement aux chargés de cours, chargés d’enseignement clinique, superviseurs de stage et cliniciens. Félicitations!

L’ancien doyen de la faculté de médecine vétérinaire m’encourageait fortement à m’inscrire à ce prix, mais pour moi, la reconnaissance ultime, c’est de voir mes étudiants avides d’apprendre! Puis, en 2022, mon père est tombé malade et je me suis finalement inscrite… pour lui. 

(Lisa devient émotive). 

Je suis fille d’immigrants, mes parents ont quitté le Vietnam pour nous offrir une meilleure vie ici. L’éducation est très importante pour eux. Je voulais montrer à mon papa, en soumettant ma candidature à ce prix, que ses efforts ont porté fruit! Il est mort aujourd’hui, mais j’ai pu lui annoncer la bonne nouvelle avant son décès, et il était très fier. Ma mère aussi! Elle a conservé la pancarte de ma candidature et chaque fois qu’elle reçoit de la visite, elle l’installe bien en vue dans le salon! (rires).

Elle signe ce texte

Communicatrice dans l’âme, Nathalie Slight collabore à de nombreux médias depuis une trentaine d’année, en tant que journaliste, chroniqueuse et spécialiste des réseaux sociaux.