Retour

Portrait de femmes inspirantes : Dre Hélène Tessier instigatrice du Projet Laurent


Elles ont un parcours brillant, exercent leur métier avec passion et rendent hommage au lien humain-animal chacune à leur façon. Chaque mois, découvrez un portrait de femme particulièrement inspirante. Rencontre avec Dre Hélène Tessier,  vétérinaire et instigatrice du Projet Laurent.

 

Hélène, premièrement qui est Laurent?

Mon fils! En 2014, il a reçu un diagnostic de cancer du foie, il était alors âgé de dix ans. Il a subi plusieurs chimiothérapies ainsi que deux transplantations hépatiques. À l’époque nous avions un chien, deux chats, deux gerbilles… une maison de vétérinaire quoi! Le médecin de Laurent nous a laissé le choix de garder ou non nos animaux. 

Pourquoi ce choix?

Les animaux de compagnie sont des réservoirs potentiels d’infections zoonotiques, ce qui peut s’avérer être dangereux pour les patients immunosupprimés. Certains médecins recommandent à leurs patients de se départir de leurs bêtes. Il n’existe pas à ce jour de consensus dans la littérature scientifique quant aux dangers réels donc ils le font à titre préventif. Sachant que mon fils était très attaché à nos animaux, qu’ils étaient pour lui une source de réconfort à travers la maladie, nous avons décidé de les garder, tout en prenant des précautions supplémentaires. 

Et comment est né le Projet Laurent?

En 2017, alors qu’on reprenait le contrôle de nos vies suite au tsunami cancer, je suis tombée sur un article : le doyen de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, Monsieur Michel Carrier, y parlait de son désir de créer des ponts entre la médecine humaine et animale. J’ai appelé mon ancien professeur,  pour lui faire part du manque crucial d’information scientifiques à propos des risques  et bénéfices à posséder un animal  de compagnie lorsqu’on est immunosupprimé. Quelques semaines plus tard, j’avais une première rencontre avec un chercheur en parasitologie moléculaire vétérinaire et une chercheuse en immunologie humaine.

Et ce n’était que le début!  

Effectivement, oui.  Une épidémiologiste spécialisée en activité physique et santé mentale, une docteure en nutrition un anthropologue, une vétérinaire comportementaliste, plusieurs étudiants à la maîtrise et au doctorat de domaines différents… tous ces gens ont mis leur expertise au service du Projet Laurent. Notre mission : partager nos découvertes afin que les médecins puissent avoir accès à de l’information scientifique pour bien guider leurs patients. 

Quelles sont vos réalisations jusqu’à présent?  

Nous avons reçu une subvention de l’Univesité de Montréal qui nous a permis de débuter le projet. Par la suite, une importante subvention de Boehringer Ingelheim, une compagnie pharmaceutique qui a à cœur la santé humaine et animale. Cet argent nous a permis de soutenir une recherche visant à identifier quels types de parasites peuvent se transférer d’animal à humain ici au Québec, qui nous guideront dans le futur pour savoir quels vaccins et vermifuges recommander. 

Nous avons également débuté des travaux pour documenter les bénéfices des animaux de compagnie sur les saines habitudes de vie et la santé mentale; nos premiers résultats suggèrent que le fait d’avoir un animal de compagnie, tout particulièrement un chien, est favorable à la pratique d’activité physique et à la réduction des comportements sédentaires. Je le savais d’instinct puisque la seule chose qui faisait sortir et bouger Laurent après ses traitements, c’était notre Border collie. 

(Hélène ajoute avec émotion).

Nous avons effectué plusieurs longs séjours à l’aile d’oncologie de l’Hôpital Sainte-Justine. À l’entrée, il y avait un tableau avec des photos des enfants et leurs animaux. Pour plusieurs, ces petites bêtes étaient la motivation principale pour passer à travers de longs et pénibles traitements… et avoir un congé pour revoir leurs animaux. 

En terminant, comment se porte Laurent?

C’est maintenant un jeune homme de 18 ans en pleine forme et en santé. Lors de présentation pour le Projet Laurent ou la fondation Ste-Justine, il partage volontiers son vécu. Il s’intéresse énormément aux technologies, à l’intelligence artificielle… on verra où ça le mènera!  De mon côté, un service vétérinaire mobile, en plus de m’impliquer au sein de Projet Laurent. 

Pour en savoir plus sur le Projet Laurent : www.projetlaurent.org

Elle signe ce texte

Communicatrice dans l’âme, Nathalie Slight collabore à de nombreux médias depuis une trentaine d’année, en tant que journaliste, chroniqueuse et spécialiste des réseaux sociaux.