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Vétérinaire inspirant : Rencontre avec Dr Guillaume St-Jean


Ils ont un parcours brillant, exercent leur métier avec passion et rendent hommage au lien humain-animal, chacun à leur façon. Chaque mois, découvrez le portrait d’une personne particulièrement inspirante. Rencontre avec Dr Guillaume St-Jean, vétérinaire spécialisé en pathologie animale et professeur adjoint à la Faculté de médecine vétérinaire de L’Université de Montréal. 

Par Nathalie Slight

Guillaume, vous êtes médecin vétérinaire, spécialisé en pathologie. Comment en êtes-vous venu à pratiquer cette spécialité ?

Lors de ma première année d’étude en médecine vétérinaire, la salle d’autopsie était située juste à côté du local d’anatomie. Il m’arrivait souvent d’aller faire un petit tour, juste pour jeter un coup d’œil aux différents cas. Trouver la cause du décès d’un animal, je voyais ça un peu comme une enquête, ça me fascinait ! Décelant mon intérêt, Dre Isabelle Lanthier, qui est devenue ma mentore par la suite, m’a proposé de travailler en pathologie durant mes études. 

Et ça a confirmé votre intérêt pour la pathologie ?

Exactement. Le premier été, j’ai travaillé en laboratoire pour le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et les étés suivants, pour la Faculté de médecine vétérinaire.  Aujourd’hui, je suis professeur adjoint à l’université.  À la blague, je dis toujours à mes étudiants qu’on me mentionne régulièrement qu’il faut être un peu « spécial » pour travailler en pathologie.  On ne me mentionne toutefois jamais : est-ce un « spécial » positif ? Négatif ? Je l’ignore encore (rires). 

Il s’agit d’une branche de la médecine vétérinaire moins connue…

C’est vrai. Ce qui est intéressant avec le domaine de la pathologie, c’est que le travail n’est jamais routinier. Je me souviens de mon tout premier cas : un pyomètre, c’est-à-dire une accumulation de pus dans l’utérus d’une chienne. J’en ai vu plusieurs depuis, mais je ne suis jamais blasé, car chaque cas est unique.

À quoi ressemble une journée type dans la salle d’autopsie ?

Lorsqu’on débute la journée, différents cas nous attendent. Ce peut être l’autopsie d’un porc ou d’un bovin pour découvrir à quelle maladie infectieuse l’animal a succombé afin de protéger le reste du troupeau. Ou encore, celle d’un chien ou d’un chat, référé par un vétérinaire parce que le propriétaire de l’animal souhaite savoir de quoi son compagnon est décédé. Il peut s’agir par exemple d’une tumeur cancéreuse. 

Recevez-vous parfois des animaux exotiques ?

Bien sûr. J’ai déjà effectué des autopsies sur des serpents ou des tortues. À la Faculté de médecine vétérinaire, nous avons des collègues spécialisées en animaux exotiques qui sont toujours prêts à répondre à nos questions, s’il y a lieu. Il existe une belle entraide entre nous. 

Y a-t-il un côté triste à travailler avec des animaux décédés ?

Je comprends votre question puisque lorsqu’on reçoit un chien, un chat ou un cheval, cet animal a été aimé par son propriétaire. Mais notre travail n’est pas triste, puisqu’il consiste à offrir des réponses au propriétaire, lui permettant – nous l’espérons – de faire plus facilement le deuil de son compagnon. 

Est-ce difficile d’annoncer à un propriétaire de quoi son animal est décédé ?

Mon rôle à moi est d’établir un diagnostic, pour en faire part au vétérinaire référent. C’est lui qui fait le suivi auprès de son client, avec lequel il a déjà établi un lien de confiance. Je n’ai donc pas de contact direct avec les propriétaires d’animaux. 

Question d’une néophyte qui n’a jamais mis les pieds dans une salle d’autopsie : l’odeur est-elle nauséabonde ?

Bonne question ! (rires) Lorsqu’une vache décède un vendredi soir d’été, qu’elle passe toute la fin de semaine à l’extérieur en pleine canicule, l’odeur de sa carcasse le lundi matin est… particulière. Lorsque les étudiants sont incommodés, ils peuvent toujours porter un masque ou se mettre une pommade en dessous du nez pour masquer l’odeur. Mais en général, on s’habitue assez rapidement. De mon côté, cela ne me dérange plus du tout. Une odeur unique pour bien entamer la semaine au travail ! Est-ce cela être un peu « spécial » ? 

En terminant, vous côtoyez des animaux décédés dans le cadre de votre pratique. Mais aimez-vous toujours la compagnie d’animaux vivants ?

Bien sûr ! Ma femme, qui est également vétérinaire, et moi avons trois chevaux, un chien, trois chats et trois poules, en plus de tous les petits animaux sauvages qui aiment bien venir traîner sur notre terrain ! Notre jeune fils de trois ans les adore aussi ! Je crois que je vais toutefois attendre encore quelques années avant de lui expliquer plus en détail mon métier…

Elle signe ce texte

Communicatrice dans l’âme, Nathalie Slight collabore à de nombreux médias depuis une trentaine d’année, en tant que journaliste, chroniqueuse et spécialiste des réseaux sociaux.

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