Laisser son animal de compagnie dans un établissement vétérinaire pour qu’il se fasse opérer peut-être une grande source d’anxiété. On redoute que notre ami poilu soit stressé dans un environnement qu’il ne connaît pas, on se demande comment se passera l’anesthésie générale, on s’inquiète pour les douleurs postopératoires… Bref, cette journée a de quoi nous perturber.
Dans l’un de mes textes précédents, je vous expliquais comment se déroule une journée type de chirurgie. Cette fois, je vous emmène à nouveau dans les coulisses pour vous présenter toutes ces petites tâches dont on ne parle pas souvent et qui font pourtant partie de la procédure. Allez, suivez-moi !
Le médecin vétérinaire
En plus d’effectuer la chirurgie, il réalise les tâches suivantes :
1. Vérification des dents et de la cavité orale
Nos patients sont adorables, mais parfois difficiles à examiner, particulièrement lorsqu’il s’agit d’aller regarder de plus près leur gueule et leurs dents. C’est pourquoi une sédation ou une anesthésie générale est nécessaire pour effectuer un examen approfondi. On vérifie l’occlusion, c’est-à-dire la position des mâchoires (sont-elles bien alignées?); puis la présence ou non de dents de bébé (sont-elles toutes tombées?) ainsi que celle des dents adultes. Enfin, on observe si les dents présentent du tartre, une gingivite, une blessure, une masse…
2. Vérification de l’état des hanches
Cet examen est surtout pertinent pour les chiens de race moyenne et grande. En manipulant doucement l’animal, le vétérinaire observe si ses hanches présentent une certaine laxité ou non. Ce test doit obligatoirement être réalisé avec un patient sous sédation ou sous anesthésie générale puisque sa masse musculaire doit être parfaitement relâchée pour que l’examen soit fiable.
3. Vérification des narines et du voile du palais chez les races brachycéphales
Les chiens de race brachycéphale (boxer, bulldog, shih tzu…) ont souvent des malformations qui peuvent causer des problèmes respiratoires de légers à sévères. Afin d’éviter des dommages chroniques et pour les aider à bien respirer au quotidien, leurs narines et leur voile du palais mous sont évalués lors d’une chirurgie. Si une intervention s’avère nécessaire, mieux vaut la réaliser plus tôt que tard.
La technicienne en santé animale (TSA)*
Son rôle est primordial lors d’une journée de chirurgie. Elle est le bras droit du médecin vétérinaire et son expertise est grandement sollicitée durant une chirurgie. Elle se charge de plusieurs tâches, notamment :
1. Préparation chirurgicale
La TSA effectue la sédation, la pose du cathéter intraveineux, la mise en place du tube endotrachéal, le rasage et la désinfection du site chirurgical.
2. Positionnement adéquat du patient en salle de chirurgie
Une fois que l’animal est transféré sur la table de chirurgie, il doit être positionné correctement. On l’installe confortablement sur des coussins ou des serviettes, tout en s’assurant que sa position est optimale pour la chirurgie. Le plus souvent, on le couche sur le dos. Mais on pourra aussi le mettre sur le ventre ou sur le côté dépendamment de l’opération.
3. Suivi du monitoring anesthésique
Tout au long de la procédure, on effectue le suivi des paramètres vitaux de l’animal et on note les informations observées. Plusieurs appareils de suivi sont reliés au patient afin de fournir diverses données qui sont vérifiées périodiquement, notamment : la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire, le taux d’oxygène dans le sang, le taux de dioxyde de carbone dans le sang, l’ECG (électrocardiogramme) et la pression sanguine.
4. Surveillance du réveil
Une fois la chirurgie terminée, le patient doit être réveillé. La TSA est alors chargée de le surveiller. Les signes vitaux sont scrutés attentivement et les patients sont incités à se réveiller par des massages doux, des changements de position, des mots murmurés à leur oreille… Parfois, on fait même retentir le timbre d’une sonnette de porte ! Quand l’animal est suffisamment conscient, on retire le tube endotrachéal.
5. Suivi du confort postopératoire ainsi que de la température
Durant quelques heures après son réveil, on surveille l’animal, sa température corporelle et son état général afin d’intervenir au besoin.
Les assistants
On ne parle pas souvent d’eux. Pourtant, ils jouent un rôle indispensable.
1. Installation de l’animal dans une cage ou un enclos
Ils se chargent d’installer confortablement les patients dans une cage ou un enclos dès que ceux-ci arrivent, en veillant à leur donner le plus d’espace possible. Les cages sont préparées pour que les animaux ressentent un minimum de stress : on évite ainsi de placer un lapin à côté d’un prédateur, on sépare les chiens des chats, on donne des cachettes aux animaux exotiques et aux chats, etc.
2. Sortie pour les besoins primaires
Si un chien doit soulager sa vessie ou ses intestins, on l’emmène dehors quelques minutes, en particulier avant de recevoir la sédation et après le réveil, lorsqu’ils sont en mesure de marcher.
3. Taille des griffes et nettoyage des oreilles
Comme il est facile et plaisant de tailler les griffes d’un patient qui dort ! On peut ainsi travailler rapidement et efficacement. C’est la même chose pour les oreilles !
4. Confort de l’animal après la chirurgie
Durant quelques heures après son réveil et jusqu’à son congé, l’assistant surveille l’état général du patient. Il avise la TSA ou le médecin vétérinaire s’il note quelque chose d’inhabituel.
En conclusion, lorsque vous laissez votre compagnon poilu dans un établissement vétérinaire pour qu’il soit opéré, sachez que tout est mis en place pour que la procédure se déroule sans anicroches. Le personnel se dévoue corps et âme afin que le séjour de votre protégé soit le plus agréable possible.
Elle signe ce texte
Dre Evelyne Joubert est médecin vétérinaire et exerce à l’Hôpital vétérinaire Le Gardeur dont elle est propriétaire-gestionnaire. Dre Joubert est aussi propriétaire avec 7 associées, de 8 autres établissements vétérinaires dans la grande région de Montréal.
*Nous employons ici le féminin, car ce métier est majoritairement exercé par des femmes.