Le milieu vétérinaire et les changements climatiques sont plus intimement liés qu’on ne le réalise parfois. Parcours d’une vétérinaire d’ici, expatriée au bout du monde et en mission pour réduire l’impact environnemental des pratiques vétérinaires!
Jamais je n’aurais pensé que mon parcours me mènerait à pratiquer la médecine vétérinaire en Australie, ni d’ailleurs à faire du bénévolat pour protéger l’environnement. Et pourtant, c’est là que j’en suis aujourd’hui!
J’ai passé ma jeunesse à faire du camping dans les parcs nationaux du Québec avec ma famille. La nature et les animaux ont toujours occupé une place importante dans ma vie, et j’ai toujours fait des efforts pour diminuer mon empreinte écologique. Après avoir obtenu mon DMV en 2013, j’ai travaillé dans différentes cliniques à Montréal et dans les environs. Après 5 ans en pratique, je me sentais un peu surmenée, et pas vraiment comblée par la vie que je m’étais bâtie. J’avais besoin de trouver un nouveau défi à relever, besoin d’une nouvelle source de motivation. J’ai donc décidé d’aller vivre à l’étranger pendant quelques mois. L’Angleterre et l’Australie étaient faciles d’accès puisque mon diplôme y était reconnu sans avoir besoin de faire des examens supplémentaires. Et vu qu’il fait apparemment plus beau temps en Australie qu’en Angleterre, j’ai décidé de m’envoler vers cette destination avec mon merveilleux chat Pablo!
Arrivée à Melbourne, j’ai rapidement trouvé du travail dans une clinique indépendante où la culture du travail est incroyable! Les propriétaires mettent de l’avant l’équilibre entre travail et vie privée, et cherchent vraiment à encourager leurs employés à développer leur plein potentiel. Après quelques mois, je me sentais complètement chez moi dans ma nouvelle ville d’accueil et je savais que j’allais y rester pendant plus que quelques mois!
Lors d’une revue annuelle au travail en mai 2021, j’ai abordé le thème de l’environnement. En tant qu’établissement médical, nous sommes responsables d’une part importante de production de déchets et de consommation d’énergie, et je souhaitais aider notre hôpital à diminuer notre empreinte écologique. En tant que vétérinaire, ça me semblait être une étape logique à franchir afin de protéger les animaux puisque tant d’entre eux sont affectés par les changements climatiques, que ce soit dû à la destruction de leur habitat naturel par exemple, ou en raison des extrêmes de température auxquels ils doivent s’adapter.
Une de mes patronnes a mentionné le groupe Vets for Climate Action (VfCA) comme point de départ. J’ai visité leur site internet et le Climate Care Program a tout de suite capté mon attention. Ça semblait être exactement ce que je cherchais! Le programme n’en était qu’à ses premiers balbutiements à l’époque. J’ai contacté l’équipe et ils m’ont invitée à participer à l’une de leurs rencontres zoom. C’est ce qui a marqué le début de mon implication comme bénévole au sein de VfCA, et ma contribution n’a fait qu’augmenter depuis!
À travers mon volontariat pour VfCA, j’ai découvert que plusieurs professionnels du milieu vétérinaire sont intéressés à réduire leur impact environnemental, mais nombreux sont ceux qui ne savent pas par où commencer ou quoi prioriser. Le but du Climate Care Program est d’offrir des solutions flexibles et réalistes qui sont applicables à un environnement clinique. En tant que vétérinaires, nous sommes en position privilégiée pour être des leaders au sein de notre communauté puisque nous sommes déjà des communicateurs d’expériences, et que nous jouissons d’un capital de confiance auprès du public.
C’est pourquoi il est si important pour nous de montrer l’exemple et de poser des gestes concrets pour diminuer notre impact environnemental.
Le Climate Care Program est composé de 6 modules, en plus d’un module d’accueil. Que ce soit la conservation de l’eau, le recyclage ou les énergies renouvelables, chaque module traite d’un sujet spécifique où les pratiques vétérinaires peuvent apporter des modifications pour devenir plus environnementalement viables. L’idée est de sélectionner une personne responsable de participer au programme, le «Climate Champion». Cette personne suit le programme en ligne et recrute des membres de l’équipe au besoin pour mettre en pratique les recommandations du programme. Chaque module invite le Climate Champion à faire une évaluation de sa pratique pour identifier les endroits où des améliorations peuvent être apportées. Différents conseils et solutions sont ensuite offerts pour aider la pratique à devenir plus éco-environnementale. Le programme accompagne le Climate Champion tout au long de son cheminement et même jusque dans la célébration de ses succès!
Présentement, le programme est dans les dernières phases de développement et est en phase de test avec une cohorte préliminaire. Nous avons déjà recueilli beaucoup de commentaires positifs de la part des participants! Le programme est seulement disponible en Australie pour l’instant, mais d’autres pays ont déjà démontré un intérêt pour le programme. Une expansion internationale est certainement considérée dans le futur.
En attendant, nous continuons de développer et tester les modules, et de recruter de nouveaux participants. C’est d’ailleurs dans cette optique que j’ai fait une présentation au VetExpo de Sydney en octobre. C’était une merveilleuse opportunité pour moi de partager un sujet qui me passionne et aussi de développer mes compétences oratoires. L’événement a été un succès et de nombreuses personnes ont indiqué́ vouloir participer au programme lorsqu’il sera disponible au début 2023. L’avenir du programme est certainement très prometteur et excitant!
Mon expérience avec VfCA ne cesse d’être enrichissante et inspirante. J’ai eu l’occasion de développer mes habiletés de leadership et de communication, de rencontrer d’autres volontaires motivés et plus importants encore, cela m’a donné l’opportunité d’avoir un impact plus global et significatif sur le monde.
En terminant, voici quelques trucs simples pour inspirer vos premiers pas vers un avenir plus écologiquement viable:
- Changer toutes les lumières pour des LED
- Installer des aérateurs sur tous les robinets pour minimiser la consommation d’eau
- Éviter d’utiliser de l’eau chaude pour la laveuse à linge
- Utiliser le cycle éco pour le lave-vaisselle et les autres appareils où cette option est disponible
- Fermer les robinets pendant le scrub chirurgical
- Éteindre les ordinateurs et autres appareils non utilisés en dehors des heures d’ouverture
Le site internet de VfCA contient des ressources utiles pour mieux comprendre les impacts des changements climatiques ainsi que des exemples concrets de réalisations accomplies à travers le Climate Care Program. Ça vaut le détour! https://www.vfca.org.au/