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Surtout, ne te décourage pas!

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Dernièrement, je me suis assise avec ma jeune associée, médecin vétérinaire. Devenue gestionnaire seulement il y a quelques mois, elle se sent submergée. Elle a une soif épatante de réussir, elle est exigeante envers elle-même et elle rêve d’une clinique parfaite.

À l’impossible, nul n’est tenu !

Ma jeune associée souffre du même syndrome qui affecte bien des femmes en affaires. J’ai l’impression aussi que ce désir de performance touche tout particulièrement les vétérinaires, qui, par définition, visent toujours la perfection. Au moment où je me suis assise avec elle, celle-ci se sentait dépassée par l’ampleur de la tâche qui incombe à une gestionnaire, au quotidien. Bien qu’on lui en ait parlé, elle n’avait pas réalisé que c’est un travail qui n’arrête jamais, que le téléphone sonne à toute heure du jour et de la nuit: pour l’alarme, l’infiltration d’eau, un employé malade, un autre qui ne partage pas les valeurs de l’équipe ou qui angoisse, un client insatisfait, un qui demande une faveur. Que la mutuelle de prévention, l’ordre, les machines Interac, les formations des unes, les ententes des autres et tout le reste, s’additionnent les uns aux autres pour devenir une charge souvent lourde. Elle ne s’était pas rendu compte que son conjoint ne comprendrait pas toujours pourquoi sa tête est ailleurs et que son stress est fréquemment envahissant. 

Ainsi, ma jeune associée se reproche son manque de compétence, d’organisation, s’attribue une mauvaise note dans l’art de déléguer et a la larme à l’œil. Puisque j’orientais son plan de développement, j’ai parlé de deux compétences à développer. Ce sont celles qui auront toute notre attention pour les mois à venir: le leadership et la gestion des priorités.

Travaillons-ensemble

En discutant avec elle, je voyais bien que mes concepts lui plaisaient, mais que c’était trop large et de la difficulté à les rattacher à son quotidien. Il y a des moments où notre cerveau ne peut absorber que du concret. Voici donc les cinq conseils que je lui ai donnés pour alimenter sa réflexion. Ils pourraient aussi être utiles à d’autres gestionnaires qui se sentent submergés

1- On ne peut pas tout faire!

Ni toi ni les autres. N’oublie jamais que tes unités d’énergie et celles de ton équipe sont limitées. Si performante sois-tu, il t’est impossible de tout faire. Ainsi, le leader a la responsabilité d’utiliser au mieux son énergie au travail et d’évaluer où celle de son équipe doit être mise à profit. Rêve ta clinique pour ce qu’elle sera dans cinq ans, dans 10 ans et découpe ce rêve en étapes plus petites, voire minuscules. Il n’y a pas de petites avancées. Les tâches que tu choisis d’accomplir servent-elles ton but, ton grand projet? Cette capacité à gérer son énergie au travail, ça se développe petit à petit. 

2- Ne perds pas de vue l’ensemble de ta clinique

Si tu tombes dans le micromanagement, tu te rendras rapidement compte que c’est irritant pour ton équipe et exténuant pour toi. Explique bien les objectifs et mieux encore, fait participer ton équipe à les définir. Supervise ensuite l’avancement du projet global, sans focaliser sur les détails. Ton rôle en est un de chef d’orchestre; tu ne peux pas jouer tous les instruments. Chaque détail n’est pas capital et l’excellence n’est pas la perfection. 

3- Prends du recul: observe, observe et observe

Observe et analyse tranquillement. Surveille ton D (toi qui es directive selon les personnalités DISC). Il fait de toi quelqu’un de capable et d’engagée, mais il peut te faire sauter des étapes. Comprends une problématique avant de vouloir la changer. Par la suite, ton plan d’action n’en sera que plus approprié et tu auras plus de facilité à le faire accepter.

4- Classe tout ce que tu voudrais faire par ordre de priorité

C’est difficile, je sais. Mais tout n’est pas important et urgent. Et il n’y a pas de ligne d’arrivée finale en affaire. Quand tu perçois de la pression, demande-toi si elle existe vraiment ou si tu ne te la mets pas toi-même, du moins en partie? C’est une grande force d’exiger de soi-même, mais c’est aussi un piège.  Prends le temps de regarder tout le chemin parcouru. 

5- Savoure les petites victoires

Remercie et valorise ceux qui croient en toi et les employés qui tentent de satisfaire tes attentes. Relis mon article publié dans Le Rapporteur intitulé La ballerine. Ton rôle est de mettre en place un contexte qui permet à l’organisation de réaliser ses buts et tu dois te féliciter de ce contexte. Il est mauvais de ne jamais se remettre en question, tout comme toujours de se dénigrer

Une suggestion: rester en mode apprentissage. Ça fait des années qu’un de mes buts globaux est de favoriser un contexte d’apprentissage pour moi et pour mes équipes. Je m’efforce de créer des ambiances, où chacun a droit à l’erreur, à la découverte et au partage. Parce que demeurer en apprentissage, c’est éviter d’être dépassé et ‘est rester stimulé. C’est aussi d’être toujours la meilleure version de soi. La gestion, on ne la subit pas. On la choisit et on grandit avec.

Prends soin de toi, ma chère associée merveilleuse. Tu es ton meilleur outil de travail et tu es précieuse. Je suis là pour toi!

Paru dans le Rapporteur Hiver 2020 de l’Association des médecins vétérinaires du Québec