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La face cachée des vétérinaires

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J’ai le privilège d’avoir pu réaliser mes rêves d’enfant : être vétérinaire, trouver l’amour et avoir des enfants. Accessoirement, j’ai aussi donné naissance à une entreprise au profil unique dans un domaine peu glorifié : le funéraire animalier.

Je redonne de la dignité à un acte autrefois manqué. Mettre un animal adoré dans un sac-poubelle. Cette situation qui me mettait en opposition avec mes valeurs profondes m’a poussée à créer la housse mortuaire EUTHABAG pour protéger la dignité des animaux et améliorer l’expérience de l’euthanasie pour tous ceux concernés. Même si personne ne le voit ou ne le sait. Par respect. Conçues dans ma cuisine au Québec, près d’un million de ces housses ont été utilisées dans 25 pays, aidant des gens dans des moments critiques de leur vie ou de leur carrière. Faire la différence dans la vie des gens (et des animaux!) est ma plus grande motivation.

Le printemps dernier, un autre de mes rêves s’est réalisé : j’ai été invitée à TEDxUMontreal pour parler de mon parcours entrepreneurial inusité. Il y a plus important à partager. Je décide d’utiliser cette tribune pour rétablir un dialogue rompu entre les vétérinaires et la société dans les années 2000. Aborder la face cachée de la médecine vétérinaire et sensibiliser le public à notre réalité unique et insoupçonnée. Depuis 25 ans, j’assiste à la détérioration de l’image des vétérinaires. À 8 ans, lorsque j’ai embrassé le rêve d’être vétérinaire, nous faisions figure de professionnels honnêtes et compétents. Puis cette confiance s’est transformée en méfiance au cours d’une évolution accélérée du lien homme-animal et des attentes quant aux soins vétérinaires.

Maintenant, vétérinaire rime avec cher

Le jugement est sévère dans une société n’ayant pas conscience du coût réel de soins de santé représentant 50% des dépenses gouvernementales. Les vétérinaires soutiennent la pyramide des professionnels de la santé avec le salaire médian le plus bas. En moyenne 80 000$/an, le 1/3 de celui d’un médecin généraliste. Aucune commission pour 90% des vétérinaires. Une journée d’hospitalisation pour un humain coûte 3062$. Pour un animal, de 50$ à 200$. Tout le monde veut le meilleur pour son animal, mais qui veut payer le prix du meilleur? Plus de 100 000 $ d’équipement sont nécessaires pour réaliser des soins dentaires. Les machines pour réaliser les analyses sanguines en moins de 30 minutes coûtent 1000$/mois. Le saviez-vous?!  Pourquoi n’y en a-t-il pas dans les cliniques pour humain?

They care about how much you care

Être vétérinaire, c’est avant tout être humain. L’empathie est aussi importante que les connaissances. They care about how much you care.  Le réservoir d’empathie des équipes vétérinaire est vraiment profond, mais il n’est pas sans fond. La détresse des vétérinaires est palpable chez ceux qui ont tout misé dans cet amour des bêtes et qui se font dire qu’ils sont là pour l’argent alors que c’est une vocation. C’est bête.

Il faut rétablir le dialogue permettant de transformer la méfiance en confiance entre les familles et les équipes vétérinaires pour le bien de tous. Lorsque la confiance règne, je vais tout donner, oser, prendre des risques. Je veux que ça marche, je veux vous aider!

Nous vibrons à la fréquence d’une passion et devons naviguer dans la réalité crue du coût des soins médicaux. Ce qui nourrit le défi ultime d’un vétérinaire: un client qui décide pour un patient.

Je vous invite à visionner et à partager cette TEDx pour soigner la relation entre la société et ses vétérinaires. Et comme me disait mon père, plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien!

Elle signe ce texte

En plus d’exercer la médecine vétérinaire, Dre Céline Leheurteux est présidente fondatrice d’Euthabag et donne des conférences sur l’accompagnement en fin de vie des animaux domestiques.