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Pourquoi vouloir interdire les chiens de race brachycéphale ?


Il y a quelques années, l’interdiction dans plusieurs pays de faire reproduire certaines races de chien au nez court ou même d’en posséder chez soi a suscité de nombreuses réactions chez les propriétaires d’animaux et les professionnels en santé animale. En 2022, pour la première fois depuis plus de 30 ans, la race la plus populaire aux États-Unis n’était plus le labrador, mais le bouledogue français, une race de chien brachycéphale. 

Qu’est-ce qu’un chien brachycéphale?

Il s’agit d’un chien au museau court, le terme brachycéphale faisant référence à la forme du crâne. Tous deux dérivés du grec, les termes «brachy» et «céphale» signifient respectivement «court» et «tête». Les races de chiens brachycéphales incluent le carlin (ou pug en anglais), les bouledogues, le boxer, le shih tzu, l’épagneul Cavalier King Charles et le pékinois. Il existe également des races de chats brachycéphales, comme le persan. La morphologie brachycéphale est le résultat d’une sélection artificielle qui ne représente pas une conformation normale. Et cette anormalité prédispose malheureusement les races brachycéphales à des problèmes de santé.

Quelles sont les anomalies présentées par les races brachycéphales

Le syndrome brachycéphale désigne l’ensemble des anomalies de conformation caractéristiques des races brachycéphales. Ces anomalies incluent : 

  • Des narines pincées (dites sténosées)
  • Un palais mou trop long
  • Une trachée de diamètre plus petit 
  • Une cavité nasale plus obstruée (par des replis excessifs)

Quels sont les problèmes de santé fréquents chez les chiens de race brachycéphale?

Ces anomalies créent une plus grande résistance au passage de l’air lors de chaque respiration. Les animaux brachycéphales éprouvent donc tous un certain degré de difficulté à bien respirer. Pour compenser, le chien doit forcer davantage pour que l’air passe dans ses voies respiratoires. Cela a un effet boule de neige avec le temps, car plus il force pour respirer, plus il crée de la pression négative. De l’enflure et de l’inflammation se créent alors dans les voies respiratoires, augmentant encore plus la résistance. À la longue, ce cercle vicieux entraîne les changements suivants :

  • L’augmentation de la taille des amygdales
  • L’éversion des saccules laryngés (une structure qui se trouve dans la gorge)
  • L’affaissement des bronches
  • L’affaissement du larynx

Ces anomalies se manifestent souvent par une respiration bruyante. Lorsqu’elles sont sévères, elles peuvent obstruer les voies respiratoires et empêcher la respiration. Dans ce cas, le chien peut faire une syncope, c’est-à-dire perdre connaissance, ou être en détresse respiratoire. Dans les deux cas, il s’agit d’une urgence pouvant entraîner le décès.

Quelles sont les autres conséquences du syndrome brachycéphale?

Des études récentes ont démontré que le syndrome brachycéphale est souvent associé à des problèmes de santé d’ordre digestif. Le reflux, la régurgitation et le vomissement sont parmi les problèmes concomitants fréquemment rencontrés chez les chiens brachycéphales. En effet, ces derniers ont souvent un mouvement anormal de l’œsophage. En pratique, cela se manifeste par une salivation et/ou du léchage excessif, ou bien un animal qui avale «dans le vide», surtout après un exercice.

De plus, dans certains cas de syndrome brachycéphale sévère, l’animal éprouve tellement de difficulté à respirer que sa quantité d’oxygène dans le sang chute. Avec le temps, il peut voir sa pression sanguine augmenter dans les poumons (ce qu’on appelle une hypertension pulmonaire) et développer une maladie cardiaque.

Existe-t-il un traitement?

Certaines des anomalies décrites ci-haut peuvent être corrigées par une chirurgie, d’autres non. L’intervention chirurgicale qui consiste à ouvrir davantage les narines et à raccourcir le palais mou est la plus fréquemment pratiquée. Si elle est effectuée lorsque le chien est jeune, elle permet de prévenir la progression vers des changements secondaires plus sévères ainsi que les problèmes digestifs associés. En revanche, si elle est réalisée alors que l’animal éprouve déjà des symptômes plus sévères, le risque de complication anesthésique et postopératoire est beaucoup plus élevé. Il est donc fortement recommandé d’avoir recours à des chirurgies correctrices lorsque le chien est en bas âge et avant qu’il ne démontre des signes de maladie.

Il est aussi important que l’animal reste mince. Un poids santé aidera en effet à prévenir les complications associées au syndrome brachycéphale. Si votre chien (ou chat!) brachycéphale est obèse, lui faire perdre du poids l’aidera à mieux respirer. 

Dans tous les cas, demandez conseil à votre équipe vétérinaire! Elle pourra vous fournir de judicieux conseils afin que votre poilu reste en santé le plus longtemps possible.

Elle signe ce texte

Dre Gabrielle Coderre-Chabot est vétérinaire à l'Hôpital Vétérinaire Legardeur.

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