Dans les derniers jours, plusieurs articles ont paru dans les médias qui traitent de la hausse des frais vétérinaires et des décisions déchirantes qui s’en suivent pour les propriétaires d’animaux. En tant que vétérinaire en pratique, je suis confrontée à cette réalité au quotidien et je comprends trop bien cet enjeu fort malheureux. Cependant, ces articles manquaient de nuances à mon avis, faisant un raccourci entre les frais vétérinaires et les euthanasies dites « économiques » sans aborder toutes les autres avenues possibles. C’est une problématique complexe et multifactorielle qui mérite qu’on s’y penche sous plusieurs angles.
Certes, il est vrai qu’il existe des situations qui nécessitent des soins poussés et qui n’ont tout simplement pas de solution alternative autrement que d’abréger les souffrances de l’animal, comme un blocage urinaire, par exemple. Ce sont des situations crève-cœur, autant pour l’animal que pour ses propriétaires, ainsi que pour l’équipe vétérinaire. Parce qu’en effet, nous avons vraiment à cœur le bien-être des animaux que l’on traite. Je vous donne ma parole, ces petits patients qu’on aurait voulu aider, et même leurs humains, nous reste dans la tête et dans le cœur par la suite, même si on comprend tout à fait qu’on ne peut pas tous les sauver.
La grande majorité des maux et des maladies que nous voyons en clinique peuvent être adressées autrement que par le plan A avec un A majuscule. Nous avons le devoir déontologique de connaître et d’offrir à nos clients les meilleurs soins pour leur animal : le fameux plan A. La médecine et la science ne cesseront de m’impressionner et nous avons dorénavant accès à des tests diagnostiques et des traitements hautement spécialisés en médecine vétérinaire. Si on pense à tout ce qu’offre la médecine humaine de nos jours, du don vivant d’organes aux dosages de biomarqueurs en passant par les chirurgies par laparoscopie et j’en passe, il est normal que la médecine vétérinaire évolue dans le même sens. C’est une belle nouvelle! La modernisation des équipements médicaux et les nouvelles technologies disponibles viennent cependant à un coût, tout comme le personnel de soins.
Comme notre carte-soleil nous offre le grand privilège d’accéder gratuitement à des soins médicaux de pointe pour nous-mêmes, il y a une profonde incompréhension de ce que coûte la pratique de la médecine et, donc, de la médecine vétérinaire. Nous sommes tout à fait conscient.e.s que le plan A n’est pas toujours accessible, c’est pourquoi nous nous efforçons, à tous les jours, de faire équipe avec les propriétaires d’animaux pour trouver le meilleur plan de soins possible à l’intérieur du budget disponible. Jongler entre les plans A, B, C, D, etc., c’est notre réalité depuis toujours.
C’est notre responsabilité de vous expliquer, en toute transparence et sans jugement, les risques et les bénéfices des différentes options. Si la résonance magnétique et le traitement chirurgical pour une forte suspicion d’hernie discale ne sont pas envisageables, nous explorerons ensemble les options de traitement médical qui pourront garder votre animal le plus confortable dans les circonstances. Vous seriez surpris de savoir à quel point les médecins vétérinaires se creusent les méninges pour essayer de deviner le meilleur traitement possible sans avoir toutes les pièces du casse-tête (i.e. les tests diagnostiques). On se consulte entre nous, on demande des avis dans des groupes de discussion, on espère tellement que notre patient se sente mieux grâce à notre tentative de traitement… Alors, je dois avouer que ça m’attriste de voir à nouveau le parallèle qui est fait si facilement et fréquemment entre les coûts des soins vétérinaires et les euthanasies d’animaux qui auraient peut-être pu être sauvés.
Je suis vétérinaire, mais je suis également propriétaire d’animaux. Je vais vous faire un aveu : le plan A n’est pas toujours une option pour mes propres animaux. Je comprends ces choix déchirants que nous devons faire, et que j’ai faits moi-même, quand la raison nous pousse à prendre des décisions auxquelles notre cœur s’oppose. Nous pratiquons un métier hautement émotif et exigent, dans lequel on accompagne les propriétaires d’animaux dans les beaux moments comme dans les plus bouleversants. Cette compassion et cette volonté d’aider les animaux et leurs humains, confrontées à la réalité des coûts de la médecine, contribuent certainement à la fragilité de notre profession.
Malgré la complexité de cet enjeu, qui dit problème, dit solution. Alors, je me permets de vous partager des pistes de solutions pour que la prise en charge médicale de nos animaux de compagnie soit moins angoissante.
Créer un lien de confiance avec son équipe vétérinaire
La relation entre vous et l’équipe soignante de votre animal est la clé du succès pour trouver les meilleures solutions, adaptées aux besoins de votre compagnon et à votre réalité. Une communication franche et transparente des deux parties vous permettra de faire équipe avec votre vétérinaire pour optimiser les soins. Rappelez-vous, votre médecin vétérinaire a le devoir de vous recommander le plan A, mais vous pouvez discuter ensemble des plans alternatifs.
Considérer une assurance pour couvrir les soins vétérinaires ou prévoir un fonds d’urgence en cas d’imprévus
Les soins médicaux sont onéreux, que ce soit en médecine humaine ou en médecine vétérinaire. C’est pourquoi il est essentiel de prévoir un budget en cas de maladie grave ou d’accident ou adhérer à un programme d’assurance qui couvrira la majorité de la facture vétérinaire.
Adopter de manière responsable
L’adoption d’un animal, c’est une décision à prendre très sérieusement. J’aimerais moi-même adopter plus d’animaux, mais je ne peux me le permettre, autant financièrement qu’en terme de temps disponible pour répondre à leurs besoins adéquatement. Avant d’adopter, une réflexion approfondie s’impose sur le temps, le budget et la disponibilité que vous aurez pour cet animal, et ce, pour les 10, 15 ou même 20 prochaines années.
Certaines races de chiens et de chats très populaires ont de fortes prédispositions génétiques pour plusieurs problèmes de santé. Dans ce cas, les visites chez le vétérinaire sont conséquemment plus fréquentes et il faut les prévoir. Je pense notamment aux races brachycéphales (au nez écrasé), aux Teckels et bien d’autres. N’hésitez pas à discuter avec votre équipe vétérinaire pour connaître les pathologies les plus fréquentes d’une race en particulier avant de se lancer!
Prévenir plutôt que guérir
De nombreuses pathologies peuvent être évitées par la prévention, que ce soit par la vaccination, la prévention antiparasitaire, la stérilisation, la diète, le maintien du poids santé, etc. Encore une fois, votre équipe vétérinaire est la mieux placée pour vous faire des recommandations adaptées à votre animal et, grâce à une communication transparente, vous pourrez choisir les soins préventifs qui vous conviennent le mieux.