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Je suis vétérinaire, et ça fait 2 ans que nous sommes en pandémie…

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Presque deux ans ont passé depuis le début de la pandémie. Même avant le début des restrictions sanitaires et de l’adoption massive d’animaux de compagnie durant cette période, les équipes vétérinaires étaient essoufflées par le manque de personnel. La situation durait déjà depuis un certain temps. La majorité des équipes tenaient encore le fort, le sourire aux lèvres, malgré le retard accumulé. La patience et la gentillesse des propriétaires d’animaux nous permettaient de passer plus facilement à travers cette période. À ces familles qui se reconnaîtront, merci pour votre bienveillance envers les vétérinaires et leur personnel, c’est un baume sur le cœur.

Quant est-il maintenant?

Voici une description non exhaustive d’une journée en établissement vétérinaire en cette période d’adaptation constante. Parce qu’à travers le quotidien, il faut aussi respecter les mesures sanitaires, ce qui allonge d’autant nos journées. Aussi, maintenant que la très grande majorité des établissements vétérinaires n’admettent plus les clients en salle d’examen et qu’il faut tout expliquer au téléphone, les consultations s’étirent encore plus.

01. Arrivée de l’équipe vétérinaire :

Dès le premier pas en clinique, les techniciennes s’affairent à nourrir, sortir pour les besoins ou effectuer les soins nécessaires des patients hospitalisés. Pendant ce temps, d’autres s’assurent que les lieux sont propres et préparent les salles de consultation pour l’arrivée des premiers clients de la journée.

02. Retour d’appel et planification de la journée :

Le vétérinaire quant à lui, regardera avec la réceptionniste les plages disponibles pour les urgences du jour (il en ajoutera bien souvent au travers des rendez-vous déjà programmés). La liste d’attente pourrait être consultée afin d’offrir une plage de dernière minute à un animal malade. Par la suite, il établira son plan de « match » pour la journée, les dossiers en cours et réévaluera les animaux séjournant en clinique pour des soins spécifiques. Si le temps lui permet, il effectuera quelques retours d’appel avant de débuter les consultations.

03. Consultations :

Le premier client sera accueilli par la réceptionniste souriante qui déjà répond au téléphone et tente de trouver une place pour le plus d’animaux possible. Un premier triage sera effectué selon la nature de l’urgence. Entre deux appels, elle ouvrira le dossier et avertira l’équipe technique de son arrivée.Une gentille technicienneviendra chercher l’animal et son humain pour les conduire en salle de consultation. Elle débutera en posant quelques questions afin d’orienter le vétérinaire dans son examen et son cheminement diagnostiques. Après un résumé au vétérinaire accueillant, ce dernier débutera l’examen de votre compagnon et vous proposera les tests qu’il juge nécessaires et utiles afin de l’aider à poser un diagnostic et ainsi établir le meilleur plan de traitement pour le bien-être de votre animal. La technicienne terminera ensuite la consultationet expliquera les recommandations tout en complétant le volet éducation du client, selon le cas. Et ainsi de suite tout au long de l’avant-midi…

04. Pendant ce temps :

D’autres membres de l’équipe vétérinaire effectueront les tests demandés durant les consultations (prélèvement sanguin, analyse urinaire, prise de clichés radiographiques…), les tâches quotidiennes (préparation des échantillons pour le laboratoire, soins divers aux patients, appels de courtoisie,stérilisation et du matériel chirurgical, conseils nutritionnels en boutique…) et les rendez-vous techniques (taille de griffe, vaccination sous supervision, nettoyage d’oreille, suivi de poids personnalisé…)

05. Diner :

Un quoi? (rire) Ah oui, cette pause bien méritée après un avant-midi chargée… Ce moment où bien souvent une urgence est placée, des appels retournés, des dossiers en retard complétés, des tests effectués, des soins aux animaux hospitalisés…

06. Répétition de l’avant-midi :

La même routine se répète ou pas. En effet, si une urgence survient, le reste de la journée pourrait être particulièrement chamboulée. Si par exemple un chien a avalé un corps étranger, l’équipe vétérinaire devra rester en poste plus longtemps que prévu afin de performer une stabilisation du patient ou une chirurgie en urgence.

07. Fermeture de la clinique :

Bien que l’affiche à l’avant de la clinique indique l’heure de fermeture, l’équipe est bien souvent dans l’impossibilité de quitter au moment prévu. Effectivement, sortie et soins pour les animaux toujours hospitalisés ou en postopératoire, retour de courtoisie et d’appel aux clients, confirmation des rendez-vous du lendemain, nettoyage des lieux, envoie de courriel urgent, planification de la prochaine commande, dossier à remplir, font partie des tâches multiples du personnel et du vétérinaire avant de quitter pour un repos bien mérité… jusqu’au prochain appel pour « l’équipe de garde » (selon la région et les centres d’urgence à proximité).

Naturellement, cet exemple de journée typique ne reflète pas toujours la réalité. Car bien souvent, même si nous essayons de tout planifier, une urgence, un imprévu, une chirurgie qui se complique, font bien souvent partie de la routine. Également, un client en retard peut grandement changer le déroulement du reste de l’horaire.De même qu’un patient qui ne se présente pas, enlève la place d’un animal qui en aurait eu besoin ou que nous avions accepté « entre deux ».

Je compare souvent une journée en clinique à l’imagine d’une ruche d’abeille où les technicien.nes s’affairent à faciliter mon travail quotidiennement dans le bourdonnement des machines de surveillance anesthésique et du téléphone qui retenti.Vous comprendrez donc que l’équipe vétérinaire n’a que rarement une minute pour souffler et que si vous ne recevez pas d’appel aussitôt que vous le souhaiteriez pour votre chien hospitalisé, ce n’est pas parce que personne ne s’en ai occupé, au contraire.

Avec la montée des cas avec les nouveaux variants, il va s’en dire que nous ferons possiblement encore face à un délestage des cas non urgents, malgré notre volonté de reprendre le retard. Alors la prochaine fois que vous avez la réceptionniste au bout du fil, que la technicienne vous offre des conseils ou que malgré le retard, votre vétérinaire prend le temps qu’il faut avec Max, n’hésitez pas à leur sourire (à travers le masque) et à leur témoigner de votre appréciation. Ce sont de petits gestes quotidiens de bienveillance comme ceux-là qui fait en sorte que nous sommes toujours en poste malgré l’épuisement qui se fait sentir.

Elle signe ce texte

Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.