Majesté, votre adorable chat Persan de trois ans a toujours présenté des écoulements oculaires. Il faut dire que sa conformation faciale et son nez plat le prédisposent à recevoir des soins du visage plus fréquemment. Mais depuis quelques temps, vous avez remarqué sur son œil une petite tache brune. Vous décidez de prendre rendez-vous avec le vétérinaire. Ce dernier diagnostique un séquestre cornéen. De quoi s’agit-il ?
- Qu’est-ce qu’un séquestre cornéen ?
Il s’agit d’une affectation de la cornée spécifique à l’espèce féline. Elle se présente comme une plaque pigmentée brune à noire, focale, centrale et généralement unilatérale. Le séquestre se forme habituellement à la suite d’un trauma externe ou d’une infection virale causant une ulcération sur la cornée. Si celle-ci ne guérit pas adéquatement, il se produit une nécrose cellulaire menant à une coloration anormale de la portion affectée.
- Quels sont les signes cliniques du séquestre cornéen ?
Tous les chats peuvent être affectés d’un séquestre cornéen, mais certaines races comme le Persan, l’Himalayen, et le Siamois y sont prédisposées). La présentation du séquestre cornéen, bien que typique, peut toutefois être accompagnée ou non de symptômes.
- Tache brune à noire sur la cornée
- Douleur se traduisant par un clignement de l’œil et/ou un œil fréquemment fermé (blépharospasme).
- Rougeur de l’œil (conjonctivite)
- Voile blanc
- Écoulement oculaire
Bien que dans la moitié des cas de séquestre, l’herpès virus soit en cause, votre vétérinaire tentera d’identifier si un autre facteur peut en être responsable (ulcération, roulement anormal de la paupière appelé entropion, cils anormalement placés, etc.). Il pourra ainsi recommander certains tests oculaires.
- Quels sont les traitements du séquestre cornéen ?
Un séquestre cornéen évolue un peu comme une gale. Il pourrait donc se détacher spontanément après quelques mois ou persister dans le temps et s’infiltrer plus profondément dans la cornée jusqu’à la membrane de Descemet (soit la dernière couche de cornée avant l’intérieur de l’œil). Une ulcération de la cornée et même une perforation de l’œil sont donc possibles selon la profondeur du séquestre au moment où ce dernier « tombe ».
Le traitement recommandé varie ainsi en fonction de la chronicité, de la condition médicale, de la cause sous-jacente (herpès, entropion, ulcération), de la douleur et de la profondeur du séquestre. À moins que votre vétérinaire ne possède un instrument appelé « lampe à fente », seul le spécialiste en ophtalmologie peut évaluer la profondeur du séquestre dans la cornée. Son avis est donc toujours recommandé.
Le traitement peut s’avérer strictement médical (goutte ou onguent oculaire) ou au contraire, nécessiter une approche chirurgicale. L’ophtalmologiste retirera alors la gale, puis effectuera une greffe pour colmater le trou laissé par le retrait du séquestre. Le taux de succès de l’opération est généralement très bon, bien que le risque de récidive ne puisse être écarté même s’il est rare. La chirurgie sera fortement recommandée si l’animal éprouve de la douleur, si le séquestre perdure depuis longtemps ou s’il est profondeur ancré dans la cornée ou progresse. Toutefois, un suivi régulier en ophtalmologie sera préféré si le traitement médical est l’option initiale choisie.
Dans tous les cas, si vous soupçonnez que votre animal a un problème à l’œil, consultez rapidement votre vétérinaire. Bonne convalescence à votre Majesté !
Elle signe ce texte
Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.
