Vous revenez d’une longue marche avec Max, votre énergique Labrador, et vous constatez avec surprise qu’il boîte même s’il n’est arrivé aucun incident particulier. Vous hésitez à consulter le vétérinaire. Après tout, Max ne se plaint pas. Pourtant, que la boiterie soit légère ou non, c’est un signe de douleur. N’ayant pas la faculté de parole, c’est ainsi que Max vous démontre qu’il a mal.
Voici une liste non exhaustive de causes pouvant affecter la mobilité de votre poilu.
01
Conditions de santé associées à la croissance
Panostéite : elle se traduit par une inflammation des os longs comme ceux de la cuisse, du mollet ou du bras. Elle crée une douleur continue ou intermittente à un ou plusieurs membres de l’animal. Pouvant durer quelques semaines à plusieurs mois, elle touche généralement les chiens de race moyenne à grande durant leur période de croissance. Bien qu’elle soit généralement autolimitante (c’est-à-dire qu’elle se règle spontanément sans traitement), l’utilisation d’anti-inflammatoire et/ou d’analgésie permet d’améliorer grandement le confort de votre compagnon et lui sauve beaucoup de douleur.
Maladies génétiques : la dysplasie de la hanche et du coude, la luxation de la rotule, la nécrose avasculaire de la tête fémorale et l’ostéochondrose/ostéochondrite disséquante sont quelques-unes des maladies héréditaires qui se développeront durant la période de croissance de l’animal affecté. Elles mèneront à une conformation anormale responsable de l’apparition de douleur, de trouble de la locomotion et de changements articulaires dégénératifs et progressifs. Ceux-ci affecteront la qualité de vie de votre compagnon durant toute sa vie. Il n’est donc pas recommandé de reproduire les chiens présentant une ou plusieurs de ces pathologies.
02
Rupture du ligament croisé crânial
Elle peut affecter autant l’humain que l’espèce canine, mais elle a toutefois une origine plus complexe chez cette dernière. Indispensable à une bonne stabilisation du genou, le ligament croisé crânial peut se déchirer et causer une douleur importante menant à une boiterie partielle ou sans appui complet. Bien que ce phénomène puisse sembler soudain, il s’agit d’un processus dégénératif, progressif, chronique, multifactoriel et rarement traumatique. La rupture du ligament croisé crânial se traite idéalement par une chirurgie afin de limiter le développement d’ostéoarthrose et de changement irréversible dans l’articulation. Le genou controlatéral sera ultérieurement affecté également.
03
Fracture
Une fracture impliquant l’os d’un membre cause en général une boiterie de non-appui. Cependant, un doigt fracturé ou une fracture non déplacée d’un seul os de l’avant-bras peut mener à un appui partiel et fausser notre impression. Le diagnostic nécessite un bon examen physique, parfois sous sédation puisque douloureux, ainsi que deux vues radiographiques permettant d’établir le meilleur plan de traitement. Ce dernier va de la pose d’une attelle à celle d’un plâtre en passant par une chirurgie orthopédique selon le type et la localisation de la fracture, l’âge, la race et le mode de vie de l’animal.
04
Ostéoarthrose
Cette condition de santé douloureuse est la forme la plus commune de maladie articulaire chez le chien. Souvent considérée comme une affectation de l’animal vieillissant, elle peut toucher les chiens de tout âge. Maladie dégénérative, progressive et chronique du cartilage (ce « coussin protecteur » ayant un rôle d’amortisseur entre les os), elle peut affecter grandement la qualité de vie de nos poilus. La sévérité peut être très variable d’un animal à l’autre et, bien qu’aucun traitement ne puisse la guérir, une approche multimodale (contrôle du poids, analgésique, anti-inflammatoire, suppléments, gestion de l’environnement…) est essentielle. Le but est d’améliorer le confort de l’animal en contrôlant sa douleur et de retarder la progression de la maladie.
05
Conditions auto-immunitaires et infectieuses
Maladies transmises par les tiques : nous entendons de plus en plus parler de la maladie de Lyme, mais d’autres pathogènes peuvent aussi être transmis (Anaplasmose, Ehrlichiose…) par les tiques. Les signes cliniques sont vagues et peu spécifiques (fièvre, perte d’appétit, léthargie…) et une boiterie peut en faire partie. Bien que ces maladies se traitent généralement une fois diagnostiquée, des formes chroniques peuvent affecter l’animal à long terme. L’utilisation d’un antiparasitaire reste le meilleur moyen de prévention. N’hésitez pas à en discuter avec votre équipe vétérinaire.
Polyarthrite à médiation immunitaire : cette maladie complexe affectant une ou plusieurs articulations est une réaction anormale du système immunitaire. Ce dernier envoie des cellules inflammatoires dans l’articulation causant le relâchement de substances irritantes. Les symptômes de la polyarthrite à médiation immunitaire sont de l’enflure et de la douleur articulaire, une boiterie, une perte d’appétit et de la fièvre. Bien que la présentation ne soit pas toujours aussi claire et simple, la maladie se diagnostique à l’aide d’une ponction articulaire qui permettra d’analyser le liquide retiré. Le vétérinaire effectuera aussi des tests complémentaires afin d’éliminer une cause sous-jacente.
Bien sûr, de nombreuses autres raisons peuvent mener à une boiterie. Qu’elle soit sévère ou non, avec un appui partiel ou incomplet, aigu ou chronique, affectant un ou plusieurs membres, une boiterie devrait toujours faire l’objet d’une évaluation vétérinaire.
Elle signe ce texte
Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.