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Histoire vraie. Lool Beh, récit du sauvetage d’une petite chienne Maya


*Récit avec l’accord de la famille de Lool Beh

Certaines histoires nous touchent particulièrement durant notre carrière. C’est le cas de Lool Beh. Cette chienne m’a beaucoup émue par son parcours. J’ai eu la chance de la rencontrer dans le cadre d’une consultation vétérinaire. Et c’est là que les personnes qui l’ont adoptée, des êtres profondément humains et pleins de compassion, m’ont raconté son histoire.

Chichen Iza, dernière étape au Mexique pour Mme Rouhier et sa mère avant de revenir en sol canadien. Assises sur la terrasse au bord de la piscine, les deux femmes profitent d’un bon repas dans cet hôtel situé en pleine forêt tropicale à quelques pas d’un site maya. Errant de table en table, une petite chienne noire, maigre et affamée, tente désespérément de se nourrir avec ce que les touristes veulent bien lui donner. Charmées, Mme Rouhier et sa mère décident de lui commander un plat de viande. La chienne semble, malgré ce, abattue. L’une de ses pattes traîne lorsqu’elle marche et l’empêche de s’assoir normalement. Mme Rouhier et sa mère tentent sans succès de trouver un vétérinaire dans le coin. Elles quittent la petite chienne le cœur lourd.

Le lendemain, celle-ci est toujours au rendez-vous, la tête basse, la patte pendante, quémandant de la nourriture. Mme Rouhier et sa mère aimeraient pouvoir l’aider, mais comment? Surtout que le lendemain est déjà leur dernière journée. Une visite dans un cénote est prévue avant de reprendre l’avion pour Montréal.

Ni une ni deux, hantées par l’image de la petite chienne mal en point, Mme Rouhier et sa mère font une croix sur la visite du cénote et décident de trouver un vétérinaire pour leur protégée. Suivant le conseil d’un chauffeur de taxi, elles se rendent avec l’animal dans un village à quelques kilomètres de là où se trouverait un praticien.

Manque de chance, celui-ci ne peut confirmer que la chienne présente une fracture, car il ne dispose d’aucun appareil de radiographies. Le seul vétérinaire qui pourrait les aider se trouverait dans la ville de Valladolid… à 40 kilomètres de là. Prêtes à tenter le tout pour le tout, Mme Rouhier et sa mère se mettent en route. Leur chauffeur de taxi accepte de continuer l’aventure avec elles. Les deux femmes se sentent déjà attachées à cette petite chienne, mais la mère de Mme Rouhier mentionne à sa fille que, bien qu’elle souhaite la faire soigner et la sauver, elle ne veut pas l’adopter. Voilà, c’est dit.

À Valladolid, chez le vétérinaire, la réponse est formelle : le radiologue ne sera disponible qu’à 17 h. Quant au spécialiste des chirurgies orthopédiques, il est à plus de 100 kilomètres de cette ville. Mais les bonnes samaritaines ne perdent pas espoir. Leur chauffeur de taxi est aussi de la partie et s’active sur son téléphone pour les aider. Et eurêka, il trouve! Une certaine Danielle, une Québécoise vivant au Mexique depuis 30 ans, s’occuperait des chiens errants de la ville. Mais la joie de nos amis ne dure pas longtemps : complètement débordée, celle-ci refuse immédiatement de prendre en charge la petite chienne. Elle accepte toutefois de les rejoindre chez le vétérinaire.

Comme plusieurs maladies infectieuses font rage dans le pays, des analyses sanguines sont effectuées. Le verdict tombe : la chienne est atteinte d’erlichiose, une maladie transmise par les tiques pouvant causer, entre autres, une anémie sévère. Elle devra donc être traitée avec un antibiotique. Touché par la situation, le vétérinaire accepte de garder l’animal le temps que le spécialiste l’opère. Pressées par leur départ imminent du pays, Mme Rouhier et sa mère règlent la facture : elles auront dépensé plus de pesos pour cette aventure que pour tout leur voyage!

Danielle promet de repasser régulièrement voir la chienne à la pension, de prendre rendez-vous avec le chirurgien, puis de la garder… jusqu’à son rapatriement au Québec. Son association, APACCCValladolid, dont la mission est de sauver les chiens errants ou blessés, propose en effet le transport gratuit vers l’international des animaux sur le point d’être adoptés.

Mme Rouhier est aux anges. Et sa mère arbore étrangement un grand sourire.

Ne voulant pas manquer leur vol de retour, les deux femmes sautent de justesse dans le dernier bus en direction de Playa Del Carmen.

De retour au Québec, la petite chienne occupe beaucoup leurs esprits. Les deux femmes apprennent enfin que celle-ci a bel et bien une fracture au fémur et qu’elle sera bientôt opérée. Heureusement, l’intervention se passe bien et leur protégée est confiée à Danielle pour sa convalescence.

Enfin, plusieurs mois plus tard, le 17 février 2020 exactement, Mme Rouhier et sa mère sont de retour à l’aéroport. Mais cette fois, c’est pour retrouver celle qu’elles appellent désormais leur Lool Beh. Les retrouvailles sont inoubliables!

« Lool » signifie fleur en maya, et « Beh » chemin. Comme la petite chienne s’est trouvée sur leur route, ce nom, soit « Fleur du chemin », lui allait à merveille! Aujourd’hui, Lool Beh est une petite chienne joyeuse, affectueuse, sensible et intelligente, qui a réussi à faire sa place parmi les trois chats de la maison.

Elle signe ce texte

Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.

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